Un couteau adapté aux petites mains

Chère Lectrice, cher Lecteur,

J’aime les couteaux. Non seulement c’est un objet essentiel à la survie, au bushcraft et aux activités en extérieur en général. Mais en plus, je trouve une certaine esthétique à cet objet. Certaines marques, modèles ou formes de lame revêtent à mes yeux un charme particulier.

Pour l’anniversaire de ses 7 ans, j’ai voulu offrir à ma fille, qui m’accompagne de plus en plus dans mes activités outdoor, un vrai couteau de bushcraft.

Je vous en parle dans cette chronique.

Quel couteau pour quels besoins ?

Il existe quelques modèles de couteau sur le marché qui sont vendus comme adaptés aux enfants. Sans surprise, on y retrouve Victorinox et Opinel, probablement les deux marques de couteau de poche les plus vendues au monde.

Victorinox opinel

Pour ces deux couteaux de poche (donc à lame pliante), l’adaptation pour les enfants consiste principalement en une petite taille, et une lame à bout arrondi (style couteau à beurre).

Ils sont adaptés pour apprendre le travail fin du bois, couper de la corde, ou du pain et du fromage. 

Mais ce ne sont pas des « vrais » couteaux de bushcraft, en ce sens qu’il leur manque une certaine robustesse, que le mécanisme d’ouverture est parfois difficile pour des petites mains, et qu’il est sensible à l’encrassement (ne compter pas sur vos enfants pour prendre soin du matériel !).

Confiant dans la capacité de ma fille à ne pas se trancher les doigts à la première utilisation, j’ai cherché pour elle un modèle vraiment bushcraft, avec une lame beaucoup plus épaisse que celles des couteaux de poche.

 

Tenir le couteau par le manche

Indépendamment de la lame, c’est surtout le manche du couteau qui va être important pour qu’un couteau soit adapté aux petites mains.

A 7 ans, les mains de ma fille font à peu près les deux-tiers des miennes (et je n’ai pas de très grandes mains).

comparaison mains
La main de ma fille, comparée à la mienne

Le manche d’un couteau adapté doit donc être suffisamment fin et suffisamment court pour tenir confortablement dans ses mains.

 

Une lame qui peut subir quelques abus

Pour répondre à mon cahier des charges, le couteau recherché devait avoir une vraie lame de couteau bushcraft, avec une épaisseur sur son arête d’au moins 3mm, et une forme de lame adéquate (type drop-point ou straight back, pas un truc exotique comme du hawk’s bill ou du dao !).

formes lames
Différentes formes de lames, et leur dénomination en anglais – Sources lamesetlumens.com

Quelques recherches sur internet m’ont mené vers une marque que je ne connaissais pas du tout : Schnitzel !

La marque

Oui, je sais…pour quiconque est familier avec la gastronomie allemande, le nom peut paraître ridicule…

gastronimie allemande
Wiener Schnitzel mit Kartoffeln…Prima!

Une fois passé cet écueil, cette marque s’avère être vraiment intéressante. Voyons ce que leur site internet nous apprend.

Derrière cette marque se cache une entreprise allemande nommée Battle-Merchant qui est spécialisée dans la vente de costumes, d’armes et d’accessoires pour la reconstitution historique ou fantastique (du Moyen-Âge à la Terre du Milieu).

Cette entreprise a un jour décidé de se lancer sur le marché de l’outdoor, et de rentrer sur ce segment en concevant un couteau adapté aux petites mains. Le designer de la marque, Torben Kuhrt, qui a lui-même deux enfants, s’est donc mis à la table à dessin.

Il a défini un cahier des charge précis pour ce couteau :

  • Ergonomie adaptée aux mains d’enfants
  • Robustesse, simplicité et facilité d’entretien
  • Qualité des matériaux
  • Sécurité

Après plusieurs esquisses, il a rapidement sorti quelques prototypes avec une imprimante 3D, qu’il a pu faire manipuler directement à ses enfants.

Pour répondre à ses exigences, Torben Kuhrt a fait le choix d’une forme de lame « straight back » avec un très léger drop du manche vers la pointe (le dos de la lame n’est pas parfaitement horizontal) pour tous ses couteaux. 

Le manche des couteaux est formé par deux plaquettes de poignées en G10 (matériau composite formé d’un empilement de fibres de verre tissées imprégnées dans une résine époxy), qui assurent une très bonne préhension. 

Le manche n’est pas trop large, mais juste suffisamment épais pour offrir une prise solide. Les plaquettes sont facilement démontables, ce qui facilite l’entretien.

Pour garantir la robustesse, les couteaux sont tous de type « pleine soie » (full tang) : le couteau est construit d’une seule pièce d’acier (lame et manche), qui vient couverte avec les plaquettes.

Les modèles

Unu

Schnitzler a commencé sa production avec un seul modèle, le Unu (Un en esperanto). C’est le plus petit modèle de la gamme, orienté pour des enfants de 4 à 10 ans.

Sa pointe est arrondie, et il est fabriqué en acier inox 8Cr13Mov. C’est un acier inox bon marché avec un bon rapport qualité/prix, qui garde bien l’aiguisage et résiste bien à la corrosion. Ce choix permet à Schnitzel de maintenir des prix abordables pour ce couteau. La finition de la lame est en « stonewash » (dépoli).

Il est vendu avec un vrai étui en Kydex (pas un truc pourri en mauvais plastique !).

Le couteau a les caractéristiques suivantes :

Longueur totale : 17cm

Longueur de la lame : 8cm

Longueur de la poignée : 9cm

Epaisseur de la lame : 3mm

Epaisseur de la poignée : 14mm

couteau xUNU
Schnitzel Unu – source www.schnitzel-germany.de

Ce petit couteau est séduisant, mais j’ai directement opté pour le deuxième modèle de la marque, le Du.

Du

Le Du est le grand frère du Unu. Il est conçu pour des enfants de plus de 10 ans, mais par confiance envers ma fille, j’ai pris ce modèle bien qu’elle n’ait que 7 ans.

couteaux DU
Schnitzel Du– source www.schnitzel-germany.de

La forme de la lame est presque encore plus simple que celle du Unu, avec un drop encore plus léger. L’épaisseur de la lame est constante sur toute sa longueur, et l’émouture est de type Scandi.

types emoutures
Différents type d’émouture de lame – Source fr.knivesandtools.be

Contrairement au DU, la lame a ici une vraie pointe. Le dos de la lame comporte un guillochage utilitaire juste devant la poignée (le ricasso).

Les poignées sont également en G10, tenues en place par des vis creuses, ce qui permet de passer facilement une cordelette dans le bout du manche.

L’acier choisi pour ce couteau est le Sandvik 14C28N. C’est un acier suédois de développement plus récent, d’une très grande dureté, ce qui offre une grande durabilité à la lame et à la tenue de l’aiguisage.

Le couteau a les caractéristiques suivantes :

Longueur totale : 18.5cm

Longueur de la lame : 8.5cm

Longueur de la poignée : 10cm

Epaisseur de la lame : 3.1mm

Epaisseur de la poignée : 14mm

Le Du est également vendu avec un étui en Kydex de très bonne facture. Et ce qui m’a vraiment fait « craquer » pour ce couteau : il vient accompagné d’un petit briquet en ferrocérium (firesteel), solidement fixé à l’étui dans un support en Kydex.

DU Kydex

A l’usage

Après quelques utilisations, voici les impressions que j’ai pu me faire, en regardant ma fille le manipuler, et en le prenant en main moi-même.

Ma fille s’est rapidement adaptée à la prise en main du couteau. L’étui en Kydex offre suffisamment de résistance pour que la lame soit bien tenue dans celui-ci, et pour éviter qu’elle sorte accidentellement. Il est donc nécessaire de tirer assez fort sur le manche pour extraire le couteau. 

Pour l’instant, il lui faut encore les deux mains (une sur le manche, une pour tenir l’étui), et je lui ai donc appris comment positionner correctement ses doigts pour ne pas se couper en sortant la lame (c’est très bête, mais ça m’est déjà arrivé…autant qu’elle apprenne de mes erreurs).

J’espère qu’elle comprendra vite comment sortir la lame à une main, en appuyant bien avec le pouce sur le petit renflement de l’étui.

La poignée est effectivement bien adaptée à ses petites mains, et elle peut agripper le couteau fermement.

Prise en main pouce
Prise en main sur l’avant du manche, avec le pouce appuyé sur les rainures. Un briquet à côté pour donner l’échelle.

Elle s’est rapidement mise à l’exercice de base : tailler des pointes sur des bâtons ! 

taillage bois assis
Assise pour travailler

J’ai ainsi pu lui apprendre tout de suite quelques règles de base : 

  • Quand on taille du bois, on s’assied ;
  • On taille toujours en s’éloignant de soi (pas de lame en direction de son ventre) ;
  • On tient le bâton suffisamment loin de la zone où l’on taille ;
  • On fait un mouvement légèrement circulaire (la lame doit « trancher » le bois, et pas juste « pousser »).
position mains bois
Position des mains, angle de la lame, mouvement du couteau : plein de choses à exercer !

Elle doit maintenant s’exercer à trouver le bon angle de la lame par rapport au bâton pour avoir l’effet le plus efficace, et savoir doser la force d’appui pour travailler en finesse ou au contraire dégrossir rapidement la pointe.

Quant à moi, j’ai également testé le couteau quelques fois. Le manche est manifestement petit pour mes mains, et ne peut être tenu qu’avec trois doigts. Le grip donné par le G10 est agréable, et le couteau donne une sensation de solidité. L’angle de l’émouture est assez grand, et vu l’épaisseur de la lame, ce couteau est bel et bien plutôt destiné à des travaux grossiers qu’à de la gravure fine. 

J’ai mis le couteau à l’épreuve en fendant quelques branches par bâtonnage, et la robustesse du couteau permet d’y aller de manière franche.

Le dos de la lame comporte une petite encoche avec un angle franc, permettant de gratter efficacement le ferrocérium. Ma fille n’arrive pas encore à allumer un feu toute seule avec cette méthode, mais elle pourra y travailler avec son propre matériel.

Une mesure de précaution

En bon papa prudent, j’ai quand même pris une mesure de précaution importante : en plus du couteau, j’ai offert à ma fille des gants anti-coupure !

La marque allemande Corvus propose des gants de travail pour petites mains avec un revêtement synthétique épais sur la paume et les doigts, qui protège contre les petits accidents et maladresses avec une lame très aiguisée.

Gants protection
Gants de protection Corvus Kids at Work – source www.orellfuessli.ch

Au final, je suis extrêmement satisfait de cette acquisition. J’ai pu offrir un magnifique cadeau à ma fille, qui emporte maintenant son couteau à chaque sortie. Le matériel est de qualité (acier, plaquettes, étui…), et le cahier des charges du designer de la marque, Torben Kuhrt, correspond parfaitement à ce que j’attendais, notamment au niveau de la simplicité et de la robustesse.

Les modèles Unu et Du ont rencontré un grand succès par leur qualité et leur prix abordable. A tel point que Schnitzel a rapidement pris la décision de sortir un troisième modèle (sans surprise, le Tri), cette fois adapté aux adultes. Je n’ai évidemment pas pu résister à ce modèle, et je vous en parlerai dans une prochaine chronique.

couteaux tri et du
Le Tri et le Du, côte à côte

Allez dehors, et essayez !

 

Sylvestre Grünwald

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