Chère Lectrice, cher Lecteur,
Je vous ai présenté dans une autre lettre un kit « abri minimaliste ultraléger » que j’ai assemblé avec pour base un poncho tarp en silnylon.
Aujourd’hui je vous parle d’un autre abri ultra-léger que j’ai acquis récemment. Il se base également sur un poncho, mais cette fois la forme du poncho a été étudiée pour donner au final un abri bien plus fermé, et il se combine avec une tente intérieure. C’est donc un « poncho-tente » !
Voyons cela plus en détail, avec une présentation de ce produit, et un comparatif avec le poncho-tarp de mon kit !
La marque
L’abri dont je vous parle est fabriqué par Six Moon Designs, une petite société américaine basée à Beaverton dans l’Oregon, et spécialisée dans le matériel ultraléger. C’est ce qu’on appelle une entreprise de la « cottage industry » : son fondateur, Ron Moak ayant commencé à coudre son propre matériel de trekking dans les années 70, avant de commercialiser quelques articles, puis de fonder son entreprise.

La volonté de Six Moons Designs est de produire du matériel ultraléger de qualité à des prix « relativement » abordables. Ils sont généralement 10 à 15% moins chers que leurs concurrents (Zpacks, par exemple) pour des produits aux fonctions équivalentes. Par contre, ils se concentrent sur les abris et les sacs à dos (et les ombrelles !), et ne produisent pas de vêtements ou de sacs de couchage.
Ils proposent en général tous leurs abris en version silnylon (moins cher) ou DCF (plus cher…mais plus léger).
Je possède plusieurs articles de chez eux :
- Une tente deux places, la Haven Tent (poids total environ 1kg)
- Un harnais de portage modulaire, le Flex Pack, qui permet de transporter des sacs étanches de 40 à 75 litres, voire des bidons.
- Un poncho-tente
Le produit
Ce modèle est le Gatewood Cape. Comme son nom l’indique, c’est d’abord une cape, un poncho.
Repliée, la Gatewood Cape tient dans une pochette d’environ 20cm x 25cm x 4cm, dans laquelle on trouve le poncho replié sur lui-même (la pochette devient alors une poche sur la poitrine du poncho), et dans laquelle on peut glisser les sardines, la footprint et les différentes cordelettes.

J’ai remplacé la footprint en polycro par une footprint un peu plus grande en Tyvek, que je trouve plus solide et plus confortable.
En mode poncho
Comme on le voit sur la photo ci-dessous, la cape est largement assez grande pour couvrir un sac à dos (même si ça donne une silhouette de bossu !).
Elle est dotée d’un capuchon ajustable, et d’une ouverture complète sur la poitrine, qui se transforme en entrée principale quand on l’utilise en mode tente.
Notez également les deux ouvertures pour les mains, qui permettent d’utiliser ses mains sans devoir chaque fois les ressortir de sous le poncho (pratique pour les bâtons de marche)

To poncho or not to poncho ?
L’usage du poncho ne fait pas forcément l’unanimité…On n’aimera pas forcément l’impression de s’être transformé en un gros sac poubelle et d’avoir des grands pans de tissus qui flottent autour de soi.
On bénéficiera par contre d’un gros avantage du poncho, qui paradoxalement, s’il est conçu comme la Gatewood Cape ou le poncho-tarp de mon kit, peut s’ouvrir largement sur le devant ou le côté, et permet donc une bonne aération.
En outre, les ponchos de ce type sont toujours assez grands pour couvrir le sac à dos, et assez long pour protéger les jambes, sans non plus risquer de se prendre les pieds dans le tissu.
J’ai déjà emporté plusieurs fois mon poncho-tarp lors de sorties trail, et une fois ajusté à la ceinture avec un cordon élastique, il est possible de courir sans encombre avec cette protection. Evidemment en pleine broussaille dans un roncier, ce ne sera pas très adapté, voire même risqué pour le tissu.
Ce qui m’amène à un autre arbitrage qu’il faut faire si on utilise un poncho conçu pour également être utilisé comme abri.
Si c’est votre seule protection contre la pluie, vous serez obligé de la porter en cas de mauvais temps. Si vous l’abimez ou déchirez le tissu gravement, votre abri sera compromis, au risque de passer une nuit au froid et à la pluie !
Mon compromis est donc le suivant : j’emporte généralement le poncho-tarp ou le poncho-tente que comme abri ultraléger, et ai également dans mes affaires une veste de pluie et un pantalon de pluie conventionnels. Je ne porterai alors le poncho en mode protection contre la pluie que si je rencontre un orage violent ou une averse très intense, et que je suis immobilisé un moment.
En mode tente
La Gatewood Cape installée, vous aurez une surface au sol d’environ 150 x 250 aux axes de l’abri. J’ai la chance de ne mesurer que 173cm de haut, donc la taille de cet abri me convient parfaitement. Si vous faites 2m15, désolé pour vous, il fallait manger moins de soupe quand vous étiez enfant !

Pour installer la Gatewood Cape en mode tente, il faut impérativement un bâton de marche, car elle n’est pas auto-porteuse. Vu que je randonne toujours avec des bâtons, ce n’est pas une contrainte pour moi.
La pointe du bâton vient s’insérer dans un astucieux harnais qui permet de répartir la tension de la toile de manière uniforme. On peut décrocher partiellement ou totalement ce harnais en mode poncho, pour réussir à passer la tête dans le trou.


Il est également possible si l’usage des bâtons ne vous convient pas, d’emporter un arceau de support pliant (aluminium ou fibre de carbone), ou d’utiliser une branche d’arbre taillée sur place si vous êtes mal pris.
On cherchera à disposer la Cape « dos au vent », en gardant l’ouverture sous le vent. De par sa géométrie, il y aura toujours plus d’espace entre le bas de la toile côté « poitrine » que côté « dos ».
Il est possible d’adapter l’aération dans la tente en ouvrant plus ou moins la fermeture éclair (elle s’ouvre dans les deux sens), ou le capuchon.
La pochette qui sert de housse de rangement devient en mode tente une poche de rangement à l’intérieur de la tente, sur le côté droit de la sortie.

L’intérieur de la tente offre une surface suffisante pour se coucher et disposer ses affaires de part et d’autre de son corps. La présence du bâton de support légèrement décalé par rapport à l’axe de l’abri nécessite un moment d’adaptation, mais on s’y fait assez vite.

Il est possible, pour augmenter le volume intérieur, et éviter trop de contacts avec la toile, de tendre les deux ailes de la tente grâce aux points d’accroche extérieurs. Il est également possible de tendre une cordelette à l’intérieur de la tente, pour stabiliser la toile.


Avec la tente intérieure
La Gatewood Cape à un avantage majeur par rapport à mon kit poncho-tarp classique : il existe une tente intérieure proposée par Six Moon Designs parfaitement adaptée. Il s’agit de la Serenity Net Tent.
C’est une tente en filet de moustiquaire, très respirante, avec un fond « baignoire » en silnylon. Les dimensions au sol de la tente intérieure sont de 214cm par 66cm, donc à peine plus qu’un matelas de sol gonflable. On laissera ses affaires à l’extérieur de la tente intérieure…
Elle se fixe aux mêmes points d’accroche au sol que la Gatewood Cape, et vient se clipser au sommet de la tente, sous le capuchon. Cette fixation rapide permet notamment de replier la tente intérieure et de s’asseoir dessus, ce qui peut être pratique si on veut utiliser l’abri de jour en ayant plus de place.

Notez qu’il est également possible d’utiliser la Gatewood Cape avec un sac de bivouac en lieu et place de la tente intérieure. Il y a deux points de fixation sur les parois intérieures de la Cape, qui permettent de rehausser les sacs de bivouacs adaptés.

Le comparatif
Finalement, quels sont les avantages et les inconvénients de la Gatewood Cape par rapport au poncho-tarp Nigor que j’ai intégré dans le kit ultraléger dont je vous ai parlé précédemment ?
Le poids
Le kit complet « poncho-tarp » pèse 370g, avec toutes les ficelles, quatre sardines et une footprint en polycro. Il n’a pas besoin d’un bâton (mail il est possible de faire des montages intéressants si on en a un).
La Gatewood Cape seule pèse 310g, les six sardines 70g, et la footprint en Tyvek 120g environ. Au total, on approche les 500g.
Avantage : le poncho-tarp !
La versatilité
La tarp du kit ultraléger est un simple rectangle de silnylon, et elle offre comme toute tarp de très nombreuses configurations d’installation.
La Gatewood Cape ne permet qu’une seule configuration, mais en variant la hauteur du bâton, et son angle par rapport au sol, on pourra faire un abri plus ou moins ouvert vers le devant.
Avantage : le poncho-tarp !
L’effet protecteur
Il est possible de positionner la tarp du kit ultraléger de manière assez fermée, et donc d’augmenter la couverture contre le vent ou la pluie, mais ça se paie tout de suite au prix d’une grande perte de surface au sol ou de hauteur utile. De plus, on ne pourra jamais fermer totalement cet abri.
Au contraire, la Gatewood Cape de par sa forme et sa conception, permet une installation qui fonctionne réellement comme une tente, avec une fermeture complète de tous les côtés. Grâce à la fermeture éclair sur le devant, et au capuchon sur le dessus, elle permet d’adapter le degré d’ouverture et de ventilation dans l’abri.
Autre avantage imbattable de la Gatewood Cape : elle est conçue pour être assemblée avec une tente intérieure ou un sac de bivouac. La combinaison des deux apporte une protection accrue contre les éléments, et contre les moustiques !
Avantage : la Gatewood Cape !
Bilan
Ce petit comparatif met bien en avant les rôles différents de chacun de ces objets. Le kit poncho-tarp est plus léger et plus versatile, la Gatewood Cape un peu plus lourde, mais plus protectrice.
Pour moi, c’est donc cohérent :
- de garder le kit ultra léger comme abri de secours pour mes sorties trails ou randonnée, afin d’avoir une protection contre la pluie en mode poncho, ou la possibilité de créer un petit abri temporaire en mode tarp.
- d’utiliser la Gatewood Cape (avec ou sans la tente intérieure) pour mes sorties trekking ou rando-bivouac, surtout en hiver ou printemps/automne, ou la nécessité d’être bien protégé contre les intempéries devient importante, mais également dans des zones avec beaucoup de moustiques !
Voici donc un deuxième abri ultra léger, plus orienté bivouac que survie, même si son format permettrait aisément de l’insérer dans un kit ou dans un sac à dos d’évacuation.
Allez dehors et essayez !
Sylvestre Grünwald
