Ski-bivouac dans les Préalpes vaudoises – 2ème partie

Chère Lectrice, cher Lecteur,

En 2022, je me suis donné comme objectif d’aller au moins une fois par mois bivouaquer avec mon ainée Sidonie, qui vient de fêter ses 7 ans. 

So far, so good…on a assuré pour janvier et février, en restant en plaine, et grâce à la météo exceptionnellement clémente de ce début d’année.

Pour la sortie du mois de mars, nous avons pris un équipier supplémentaire : mon père.

Je vous relate aujourd’hui la deuxième partie de notre micro-aventure intergénérationnelle.

Une nuit mouvementée !

Vous vous souvenez que j’avais pour but, outre faire une jolie sortie avec mon père et ma fille, de tester mon matériel en vue d’une sortie de plusieurs jours en bivouac et packraft dans le sud de l’Allemagne une semaine plus tard.

La situation lors de cette sortie était « idéale », puisque la température nocturne prévue était proche du 0°C, avec un risque de passer en-dessous à cause du vent. Les prévisions à une semaine donnaient à peu près les mêmes températures en Allemagne, j’allais donc pouvoir vérifier quels compléments ou modifications apporter à mon équipement.

Nuit bivouac
Prêts pour la nuit !

Mon installation

Je vais être direct : je n’ai pas passé une très bonne nuit. Il m’est très vite apparu que je ne pourrai pas passer les trois nuits sous tentes prévues en Allemagne avec cette configuration.

 

J’ai fait les constats suivants :

Premier constat : mon abri étant monoparoi, et partiellement ouvert sur le côté (comme une tarp), il est exposé aux courants d’air si le vent ne vient pas toujours de la même direction. Je dois donc impérativement vérifier d’où vient le vent dominant pendant la nuit avant d’installer ma tente.

Deuxième constat : la tente intérieure (la Serenity Net tent) n’est pas adaptée au froid…c’est sans doute une excellente tente intérieure trois saisons pour se protéger contre les insectes et les éclaboussures, mais elle ne contribue pas à conserver une poche d’air chaud autour du dormeur.

Troisième constat, à mettre en parallèle aux deux premiers : je n’ai pas, cette nuit-là, trouvé la bonne configuration pour attacher mon quilt sur mon matelas, et ai donc senti des points de froid vers les hanches. 

Quatrième constat concernant toujours le quilt, j’ai par contre pu me mouvoir, tourner et me retourner dans celui-ci avec aisance. Il est bien resté en place sur mon matelas.

Cinquième constat, positif également : mon matelas Exped version hiver, combiné au sous-matelas en Evazote, a parfaitement rempli sa fonction, et conserve et renvoie très bien la chaleur de mon corps. Je n’ai jamais senti de froid venir depuis la neige sous ma tente. Pour environ 130g, l’ajout de l’Evazote vaut largement la peine. 

Sixième constat : j’ai cousu moi-même (vive le MYOG !) une balaclava doublée en lavalan, cette garniture d’isolation fabriquée à base de laine de mouton. Elle est hyper efficace pour garder la tête au chaud, c’est un vrai bonheur. J’ai par contre observé le phénomène suivant : suivant la position de ma tête, le sang qui bat dans les veines sur mes tempes frotte le tissu taffeta nylon à l’intérieur de la cagoule, et quand on commence à focaliser sur ce bruit, on n’entend plus que ça et il devient impossible de dormir.

 

J’en tire les conclusions suivantes quant à mon matériel :

Première conclusion : La tente intérieure en moustiquaire est à garder pour l’été, et protègera essentiellement contre les moustiques. Pour l’hiver, je dois impérativement la remplacer par un sac de bivouac, qui va permettre de couper les pertes thermiques par convection (= les courants d’air). Je vous en reparle dans une prochaine lettre, car la sélection d’un sac de bivouac adapté est une quête en soi

Deuxième conclusion : La combinaison sous-matelas Evazote + matelas Exped hiver + quilt est adéquate si le problème des courants d’air est résolu. Je garde, et je complète avec un liner thermique dans le quilt. Si je devais dormir à des températures inférieures à -10°C, je devrais probablement prendre un quilt plus épais, ou l’utiliser en complément d’un sac de couchage classique.

Troisième conclusion : La cagoule est très efficace, mais le bruit de frottement du tissu peut être gênant. Je garde, mais je complète avec un petit bonnet fin.

Quatrième conclusion : J’ai apparemment HORREUR d’avoir froid en dormant. J’ai vraiment de la peine à me relaxer pour m’endormir, en anticipant que j’aurais froid. Je suis donc prêt à porter éventuellement plus de matériel pour garantir mon confort.

 

Un visiteur nocturne

Un deuxième phénomène a contribué à un mauvais sommeil…

Vers 23h30, alors que je commence à somnoler, j’entends un bruit de grattement sur du tissu venant de la tente occupée par mon père et ma fille. Il me vient à l’esprit que mon père s’est levé et cherche quelque chose dans la pulka. Il a l’air très énervé, et ne semble pas bien arriver à ses fins. Le bruit se calme au bout d’une ou deux minutes.

Environ un quart d’heure plus tard, le manège recommence. Je me demande vraiment ce qu’il essaie de faire. 

De son côté, mon père, lui aussi dérangé par le bruit, imagine également que je suis en train de fouiller dans la pulka ! 

Lorsqu’il se décide à ouvrir le rabat de la tente, pensant me trouver devant la pulka, qu’elle n’est pas sa surprise en se retrouvant nez à nez avec un magnifique renard !

Celui-ci s’était apparemment mis en tête d’attaquer notre pulka, et d’accéder à son contenu !

A la vue de mon père, il décampe bien évidemment sur le champ !

Nous pensons alors être tranquille pour le reste de la nuit, mais le renard, bien décidé à profiter de notre présence, revient  deux fois de plus durant le reste de la nuit, grattant sauvagement à chaque fois la pulka.

 

Mauvaise surprise au réveil

Après ces dérangements, et malgré le froid, je dors quand même quelques heures. Vers 07h du matin, la luminosité et le chant des oiseaux dans les arbres me tirent de mon sommeil, et nous sortons les trois des tentes.

Ma fille a dormi comme un charme, et a à peine été dérangée par le bruit du renard. C’est bien la seule !

Alors que je fais chauffer de l’eau afin de préparer des boissons chaudes pour notre déjeuner, mon père nous dit : « Je crois qu’il va falloir aller déjeuner à la boulanger…le renard à piqué notre nourriture ! »

En effet, lors de sa troisième ou quatrième tentative, le renard est apparemment parvenu à saisir entre ses dents les bretelles du sac en tissu contenant notre déjeuner : pain, pain d’épice et beurre !

En attaquant la pulka, il a d’ailleurs laissé quelques belles traces de dents, et même arraché un petit bout de toile !

pulka trouée renard

Pas au bout de nos peines…

Il nous reste heureusement un paquet de biscuit, du thé et du chocolat chaud. Après cette collation frugale, nous commençons à plier le camp, pour faire le trajet de retour jusqu’à la voiture et rouler jusqu’à la boulangerie du Col des Mosses.

Je demande à ma fille de rassembler ses affaires, et de les remettre dans son sac à dos. Elle a depuis quelques mois son premier sac de rando « de grande » : un joli Salewa de 12 litres, avec pleins de poches fonctionnelles et un filet d’attache à l’arrière. Elle l’a rapidement décoré avec quelques colifichets, et y garde en permanence la trousse de secours que je lui ai offert. Autant dire qu’elle y est très attachée. 

Flottement au moment où elle me demande où est son sac. Je lui réponds « Dans la pulka, évidemment ! ». Et ben non ! Le sac à dos n’y était plus !

Ce coquin de renard l’avait également embarqué, probablement en espérant y trouver aussi de la nourriture. 

Ma gamine, qui jusque-là trouvait l’affaire assez fascinante, éclate alors en sanglots, attristée par la perte de son magnifique sac à dos.

Nous nous regardons avec mon père, levons les yeux au ciel, puis commençons les deux à fouiller les alentours du camp. 

« T’inquiètes pas, on va le retrouver », dis-je à ma fille en espérant la calmer.

Après 10 minutes, je tombe par hasard sur un tout petit bout de plastique provenant de l’emballage du pain d’épice amené par mon père, avec quelques jolies traces de renard à côté. 

Ça me donne une bonne piste sur la direction dans laquelle fouiller.

Après 10 minutes de plus, à environ 300m de nos tentes et en contrebas d’une forte pente, je retrouve avec soulagement le sac de ma fille.

Il n’est pas abimé…mais empeste le renard !

Ma fille rassurée sèche ses larmes et nous pouvons finir de plier le camp, avant de redescendre à la voiture. Elle profite en plus au retour d’une balade sur la pulka !

Retour bivouac

Voilà pour cette petite sortie ! Même dans le cadre d’une micro-aventure comme celle-ci, il y a énormément à apprendre, pour les petits comme pour les grands.

Pour ma part, j’ai pu tester en conditions réelles mon équipement, ce qui m’évitera heureusement une semaine plus tard de me les geler pendant trois nuits à température négative. 

Pour mon père, réaliser que sa pulka ne protège pas la nourriture contre les animaux ! Il prévoit un trek aux Etats-Unis l’année prochaine, et devra se procurer un « bear canister » pour garder sa nourriture hors de portée des ours. Cette petite mésaventure était donc un bon avant-gout pour lui.

Quant à ma fille, elle a également appris plein de choses sur le comportement des renards, et a pu découvrir leur odeur sur son sac qui a empesté toute la voiture jusqu’à notre retour à la maison !

 

Allez dehors et essayez !

 

Sylvestre Grünwald

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