Ski-bivouac dans les Préalpes vaudoises – 1ère partie

Chère Lectrice, cher Lecteur,

En 2022, je me suis donné comme objectif d’aller au moins une fois par mois bivouaquer avec mon ainée Sidonie, qui vient de fêter ses 7 ans. 

So far, so good…on a assuré pour janvier et février, en restant en plaine, et grâce à la météo exceptionnellement clémente de ce début d’année.

Pour la sortie du mois de mars, nous avons pris un équipier supplémentaire : mon père.

Je vous relate aujourd’hui la première partie notre micro-aventure, assez originale sur plusieurs points !

L’équipe

Mon père est un grand alpiniste…il court les sommets depuis sa prime jeunesse, et bien qu’il ait presque 70 ans, il est encore très actif, et ne rechigne pas à faire des sorties à vélo, à pied ou en ski-rando sur plusieurs jours. Il préfère sûrement dormir en auberge ou en cabane, mais une nuit sous tente ne l’effraie pas. Ça fait longtemps qu’on se dit qu’on devrait aller camper les deux avec ma gamine, et nous avons enfin pu fixer une date à la fin du mois de mars.

Ma fille Sidonie, qui vient donc de fêter ses 7 ans, a vraiment croché à nos petites sorties dans les bois, et adore aller dormir sous tente. Elle était donc toute enthousiaste quand je lui ai dit qu’en plus on allait bivouaquer avec son grand-papa.

Quant à moi, outre le plaisir de passer quelques heures en nature avec mon père et ma fille, je devais me préparer pour une sortie de 4 jours dans le sud de l’Allemagne début avril (dont je vous reparlerai !), et tester un peu mon matériel.

Le plan de départ

Mon père possède une pulka, qu’il a déjà utilisé pour un voyage en Laponie, et il avait envie de la ressortir pour cette petite sortie d’une nuit. 

Le plan de départ était donc de monter en fin d’après-midi dans les Préalpes Vaudoises, dans la région du Col des Mosses, de suivre une piste de ski de fond sur quelques kilomètres et de s’installer sur un replat aux alentours de la piste avec nos tentes. 

Ma fille serait sur des skis de fond, mon père sur ses skis de randonnée, et moi sur des skis de randonnée nordique prêtés par mon père. 

La météo s’annonçait clémente (ciel dégagé, pas de précipitations), avec des températures nocturnes juste au-dessus de 0°C à 1500m (en théorie…).

Le matériel

Les skis

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les skis autres que le ski de piste, voici un bref rappel :

Skis de fond : longs et fins, talon libre, pas de cares. Permettent de glisser facilement sur le plat et à la descente. La traction à la montée est assurée par du « fart », des écailles ou éventuellement des peaux fixes, mais est limitée ou impossible au-delà d’une certaine pente.

Skis de randonnée nordique : longueur semblable aux skis de piste, largeur légèrement plus faible, talon libre, avec carres métalliques. Permettent de glisser assez bien sur le plat, la descente se rapproche du telemark et est facilité par les carres. La traction à la montée est assurée par des peaux amovibles, et est possible jusqu’à des pentes modérées.

Ski rando ski fond
A gauche, les skis de randonnée nordique, à droite les skis de fond

Skis de randonnée « classiques » : longueur et largeur semblables aux skis de piste, talon libre à la montée et verrouillé à la descente, avec cares métalliques. Glissent peu sur le plat, la descente est semblable au ski de piste. La traction à la montée sur des pentes même raides est possible, et est assurée par des peaux amovibles. On utilise encore parfois le terme « ski peaux de phoque » pour parler du ski-rando, justement à cause des peaux collées sous le ski (qui ne sont évidemment plus faites avec de la vraie fourrure de phoque !).

 

La pulka

La pulka est un « traineau à homme », que l’on tire derrière soi sur la neige, grâce à un harnais ou une ceinture à laquelle sont attachées des barres ou des cordes reliées au traineau.

Elle permet de transporter de grandes quantités de matériel et de poids sans devoir tout avoir sur le dos. Son usage est optimal sur du plat, possible sur des montées ou des descentes pas trop raides, et difficile voire impossible sur des montées ou des descentes très raides. A flanc-coteau en dévers, son utilisation devient également problématique. C’est donc un objet parfaitement adapté aux régions nordiques avec des reliefs peu marqués, comme la Scandinavie, les crêtes du Jura ou quelques plateaux alpins.

On trouve sur le marché des modèles dont le volume utile va de 100 à plus de 300 litres ! Les plus gros sacs de randonnée plafonnent autour des 80 l…les pulkas permettent donc d’emporter jusqu’à plus de trois fois le volume d’un gros sac.

 

Les tentes et le matériel de couchage

Je voulais tester en mode hiver mon poncho-tarp Gatewood Cape de Six Moon Designs avec sa tente intérieure, dont je vous ai parlé dans une autre lettre. Ma fille serait donc avec mon père dans mon autre tente ultralégère fabriquée par Six Moon Designs (la Haven).

Pour le couchage, j’avais prévu de tester également une nouvelle combinaison de matériel : un sous-matelas de 3mm en Evazote, mon matelas gonflable Exped Downmat Winter, et mon quilt GramXPert Elite. 

Le sous-matelas en Evazote permet de couper le pont de froid entre la neige et le matelas gonflable, et ajoute encore 1.2 à la valeur d’isolation déjà excellente (R = 7) du matelas Exped. 

Le quilt est un sac de couchage ultraléger ouvert dans le dos, qui vient s’attacher sur le matelas gonflable. Outre le gain de poids, il permet aux dormeurs qui changent souvent de position et dorment facilement sur le côté et sur le ventre (comme moi !) de tourner dans le sac, au lieu que le sac tourne avec eux. Je suis encore en phase d’apprentissage avec ce matériel, car l’ajustement du quilt sur le matelas est un art subtil pour éviter les courants d’air dans le dos. A noter que le quilt n’a pas de capuche comme sur un sac de couchage standard. Il faut donc bien se couvrir la tête.

Mon père et ma fille seraient dans des sacs de couchage classiques. Ma fille dort comme un charme quelles que soient les conditions, et n’a absolument jamais froid. Elle dort dans un sac pour enfant de la marque tchèque Husky, qui est très bien conçu, car ajustable en longueur en fonction de la taille de l’enfant, et d’un excellent rapport qualité/prix.

Ma fille gigote dans tous les sens quand elle dort, et a tendance à glisser du matelas isolant. J’ai trouvé une bonne solution à ce problème : utiliser des sangles pour fixer son matelas au mien. Ainsi, plus de risque que les matelas s’écartent, et qu’elle tombe dans le trou. Mon père et ma fille seraient sur des matelas rectangulaires Exped d’environ 7cm d’épaisseur, offrant une valeur d’isolation R d’environ 3.5. 

Au final : une tente deux places fermée et des matelas isolants avec une valeur R moyenne pour ma fille et mon père, et un abri solo minimaliste avec un matelas isolant très performant pour moi.

En route !

Après avoir vérifié que tout le matériel était bien chargé, nous sommes partis en voiture pour monter au Col des Mosses. Vu les températures très chaudes des jours précédents, nous ne savions pas par avance jusqu’où nous pourrions rouler avant de trouver une piste de ski de fond en bon état…et il s’est avéré rapidement que l’endroit initialement proposé par mon père était trop dégagé de son manteau neigeux, car orienté Sud. 

Changement de plan : en roulant un peu plus loin, nous atteignons un flanc orienté Nord dont le manteau neigeux est suffisant. 

Une fois sortie de la voiture, la pulka se charge très rapidement : il suffit de tout entasser dans le fond du traineau, puis de refermer la toile de couverture, et de sangler le tout bien serré. 

Chaussures de ski au pieds, nous voilà donc prêts pour la balade, avec chacun une paire de skis d’un type différent. 

Ski tracte ski de fond
Mon père tirant la pulka, suivi par ma fille sur ses skis de fond

Nous commençons par une petite montée, avant d’aborder un large plateau vallonné.

crete bivouac

Arrivée au camp

Après environ 45 minutes, nous arrivons vers une crête large et dégagée. Un replat de quelques dizaines de m2 s’offre à nous pour installer le camp. 

Nous installons les deux tentes côte à côte sur un bout du replat.

tentes pulka
De droite à gauche : mon abri solo, la tente deux places, et la pulka

Pendant que je monte les tentes et installe les matelas et les sacs de couchage, mon père aidé de ma fille creuse une tranchée d’environ 2m de long, 60cm de large et autant de profond. C’est une « astuce » très pratique pour augmenter le confort du camp dans la neige : on peut ainsi s’asseoir au bord de la tranchée avec les jambes dans le trou, et installer son matériel de cuisine en face. De plus, la neige trouvée en profondeur pourra être utilisée pour produire de l’eau en la faisant fondre. 

Vu qu’il y a eu récemment un épisode de poussière du désert, la couche supérieure du manteau neigeux est jaunâtre et sale…il faut donc bien creuser pour trouver de la neige propre !

Creuse de la tranchée
Creuse de la tranchée
Asis tranchée coussins cuisine
Assis au bord de la tranchée, confortables sur des petits coussins gonflables, avec le matériel de cuisine en face

Le repas

Pour le repas du soir on fait un buffet de dégustation de repas lyophilisés ou déshydratés. Mon père a amené deux sachets achetés chez Décathlon (pâtes sauce bolognaise et semoule végétarienne). Pour ma part, je teste les pâtes sauce tomate et thon « déshydratées maison » dont je vous ai parlé dans une lettre précédente.

La préparation n’est donc pas très compliquée : on fait bouillir de l’eau, on verse dans les sachets qu’on tient au chaud dans un cozy, et on attend un moment ! Pendant ce temps, on admire la vue sur les montagnes, et on profite du grand air en buvant du thé.

Cuisine avec vue
Cuisine avec vue

On boit encore une ou deux tasses de tisane bien chaude, avant d’aller se coucher. Le soleil étant parti, la température chute très rapidement, et il est temps de se mettre dans nos sacs de couchage !

Voici donc le décor planté ! 

Dans la deuxième partie de cette chronique, je vous relaterai la nuit mouvementée que nous avons passé dans notre petit campement. 

Spoiler : nous avons eu une visite inattendue !

 

Allez dehors et essayez !

Sylvestre Grünwald

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