Rando-bivouac dans les Préalpes vaudoises : 1ère partie de la micro-aventure

Chère Lectrice, cher Lecteur,

Vous sentez-vous capables de marcher quelques heures en montagne, monter un campement dans les bois, faire un feu et vous nourrir, passer la nuit dans une tente et rentrer le lendemain ? 

Combien de fois par an le faites-vous ? 

Seuls ou avec des amis ? 

Votre sac est-il trop lourd ? 

Comment choisissez-vous votre matériel ?

Si comme moi vous vous posez ce genre de questions existentielles de temps en temps, vous comprendrez mon envie d’aller bivouaquer dans les bois un samedi soir il y a quelques semaines. 

Dans cette lettre, la première partie de ma micro-aventure dans les environs de Leysin.

Pour tout vous dire, je ne randonne que très rarement

Mon truc, c’est plutôt le trail : je fais des distance généralement plus longues (plus de 20km), mais je vais beaucoup plus vite, et ne porte que mon gilet de course avec une poche à eau. 

Je n’ai donc pas l’habitude de marcher avec un sac bien chargé, et j’ai envie depuis quelques temps de redécouvrir ce mode de déplacement plus lent.

Mais, me connaissant, je sais que si c’est juste pour aller du point A au point B, je préférerai le faire en courant (pourquoi se trainer ?). 

Il me faut donc un autre but à la randonnée, et le bivouac est l’excuse toute trouvée. Je cherche aussi à m’entrainer en vue de faire des expéditions plus longues, et j’ai plein de matériel dans ma cave qui ne demande qu’à être sorti.

Figure 1 - Vue sur le Mont d'Or depuis les hauts de Mayen

Histoire de partager aussi un moment en bonne compagnie, j’ai cherché un peu autour de moi, et j’ai réussi à embarquer dans l’aventure Joël, mon beau-frère, et Davide, un pote italien. 

Laissez-moi vous parler de mes compagnons de marche. Notre trio présentait trois approches radicalement différentes de la randonnée. 

Figure 2 - Les rochers de Dessus Corbex avec la Tour de Famelon en arrière-plan


Joël a l’endurance inscrite dans les gènes (ils ont tous ça dans ma belle-famille)

Il est grand, mince et sec comme une trique, et ne prendra probablement jamais un gramme de graisse ni de muscle en trop. Il court des trails de 50 ou 100 km plusieurs fois par an, et a déjà fait plusieurs trekkings organisés en Amérique du Sud ou dans l’Himalaya. 

Il vient parfois courir avec moi, et nous nous retrouvons presque systématiquement à traverser des champs de ronce (parce que ça à l’air plus rapide de passer par ).

Pour son matériel, je qualifierais le style de mon beau-frère de « classique alpiniste » :

  • sac à dos Deuter
  • pantalon de rando Salewa
  • tente monoplace, sac de couchage matelas gonflable Décathlon
  • dans sa poche, un couteau suisse

Pour le repas du soir :

  • chips
  • sandwichs
  • et oui, des bières en canettes pour nous trois ! 


C’est du matériel simple, généralement bon marché, facile à se procurer et qui a fait ses preuves. C’est également du matériel « passe-partout » qui ne vous catalogue pas automatiquement dans la catégorie « survivaliste », ce qui peut être un avantage dans certaines circonstances.

A contrario, s’il s’agit de passer inaperçu en milieu sauvage, ce matériel n’est généralement pas camouflable. Ce n’est de loin pas le matériel le plus léger ou le plus résistant que l’on puisse trouver.

Davide, lui, a un passé mystérieux.

Il semble qu’il ait servi dans l’armée italienne (parachutiste), et travaille en Suisse depuis quelques années comme informaticien. Malgré ses 50 ans, Davide est le seul mec que je connaisse qui ne dira jamais non pour aller tester un truc débile de nuit sous la pluie dans les bois avec moi. 

Il court à pied nus dans la neige. Il a fait au printemps un cours de prévention du braconnage (avec entrainement aux armes et tir à balles réelles), et est parti trois semaines en Afrique du Sud cet été pour prêter main forte aux rangers qui protège les parcs nationaux. 

Pour son matériel, Davide appartient à l’école « tactical » : 

  • sac 5.11 avec panneaux Molle et diverses poches accrochées dessus
  • plaque de poitrine
  • pantalon Helikon
  • pour s’abriter un poste d’observation/bivouac et un sac de couchage Carinthia. 
  • dans sa poche, un pliant Benchmade
  • sur sa besace, un fixe Mora


Pour le souper du soir :

  • deux boites de sardine (Davide mange peu…)


Il a consciemment choisi de beaucoup se charger pour veiller à son entrainement, et ça se ressent sur son rythme de marche.

Son matériel est très robuste, mais cette qualité se paie par un poids accru. De nous trois, c’est sans doute lui le plus orienté tactique et discrétion. La couleur générale de son équipement est khaki ou coyote brown. En milieu sauvage c’est intéressant, mais durant notre randonnée, il a beaucoup attiré sur lui les regards de par son apparence très militaire. 

Quant à moi, je suis un joyeux mélange entre bushcraft et MUL (marche ultra-légère)

Découvrez la marche ultra-légère sur ce site : https://www.randonner-leger.org/

Pour cette rando, j’ai :

  • sac à dos Flexpack de Six Moon Design (c’est un harnais de portage modulable) dans lequel est fixé un sac de compression étanche
  • pantalon Fjällraven
  • tente ultralight Haven Six Moon Design, 
  • quilt GramXpert (alternative au sac de couchage)
  • matelas gonflable Exped. 
  • dans ma poche un pliant Kershaw
  • à ma ceinture un fixe Esee PR4


Je transporte en outre pour le groupe :

  • filtre à eau de camp Lifestraw 
  • tarp en silnylon de 3m par 4m


Je vous reparle de tout ce matériel dans un autre e-mail.

Pour le repas du soir : 

  • un repas lyophilisé (pâtes au saumon), préparé dans ma popote avec l’eau bouillie sur le feu de bois
  • une pomme


Je cherche ainsi à bénéficier des avantages du matériel hi-tech de la MUL pour soulager mes articulations, tout en pouvant transporter quelques objets un peu plus lourds en plus, comme la tarp, qui s’avère être un des accessoires de camping les plus utiles que je possède. 

C’est léger, facile et rapide à installer, et sa versatilité au montage permet d’adapter le type d’abri à chaque situation. Lors de cette sortie, elle nous permettra d’avoir un coin au sec en soirée, sous l’orage qui nous aura rattrapé. 

A part la tarp vert forêt, le matériel spécifique que j’avais avec moi n’était par contre pas spécialement discret, et n’est malheureusement pas disponible en motif camouflage. 

Figure 3 - Un feu et une tarp, essentiels pour un bon campement


Sur une randonnée aussi courte, la différence entre nos trois approches n’a pas fait grande différence

Sur plusieurs jours toutefois, un équipement trop lourd peut devenir vraiment handicapant : fatigue, rythme de marche plus lent, impact sur les articulations…Les matériaux modernes, comme le silnylon et le Dyneema Cuben Fiber (DCF) pour les toiles, ou le Tyvek pour les footprints ont des avantages indéniables. 

Mais certaines approches bushcraft permettent aussi de sauver du poids : 

  • savoir faire un feu et avoir une popote qui peut être mise directement sur les flammes permet de faire l’économie d’un réchaud et du carburant (ça ne marche que dans les régions boisées, bien évidemment !).
  • connaître les nœuds vous permet de faire des montages efficaces avec un minimum de matériel 


Y’a-t-il alors une approche meilleure que les autres ? 

Un matériel confortable vous mettra en confiance en milieu sauvage, et rendra celui-ci moins inhospitalier. 

Un matériel durable et résistant vous permettra d’augmenter votre exposition et votre engagement, sans craindre d’être lâché par celui-ci.

Un matériel léger et hi-tech soulagera vos articulations, vous fatiguera moins et vous permettra d’aller plus loin en vous déplaçant plus vite.

Un matériel discret, aux couleurs sombres et naturelles ou aux motifs camouflages, vous permettra de mieux vous intégrer dans la nature, et d’y rester discret face aux animaux ou aux autres humains.

Un matériel confortable, durable, résistant, léger, hi-tech et discret…vous coutera une fortune !

Finalement, peu importe comment vous vous équipez…A mon sens l’essentiel est d’abord que vous sortiez en pleine nature, et que vous soyez familier avec votre équipement !

 

Allez dehors et essayez !

Sylvestre Grünwald

Signature de Sylvestre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *