Chère Lectrice, cher Lecteur,
Vous le savez, la tarp est un objet essentiel pour le bivouac ou le camp. Elle est légère (si constituée de matériaux modernes type silnylon, silpoly ou DCF), versatile et adaptable.
Aujourd’hui je vous parle d’un montage permettant de former un abri relativement fermé, offrant ainsi une bonne protection contre les éléments.
Vous reconnaitrez sur les photos ci-dessous le réflecteur à chaleur dont je vous ai parlé dans une autre chronique. En combinant le réflecteur et cette configuration de tarp, vous bénéficierez encore plus de la source de chaleur.
Allons-y !
Quel matériel ?
La tarp
Pour mettre en place ce montage, il vous faut (bien évidemment) une tarp. Elle sera de préférence carrée par souci de symétrie, mais une rectangulaire fonctionnera aussi.
Un maximum de points d’attache sur ses côtés facilitera également le travail, de même qu’une boucle au centre de la tarp, sur sa partie supérieure.
Au minimum, il faudra un point d’attache au milieu de chaque bord de la tarp, de même qu’à chaque angle.
Pour mon exemple dans cette chronique, j’utilise la plus grande tarp que je possède, une tarp de 3.5m par 3.5m, la Exped Outfitters III.
Voici les points d’attache qui nous intéressent pour faire ce montage.

Les cordelettes
Un minimum de deux cordelettes, relativement longues, sont nécessaires. Une d’entre elle devra être accrochée du point 1 à une branche, et plus elle sera haute, plus il y aura de la place dans l’abri.
Les sardines
Un minimum de quatre sardines sont nécessaires, et seront disposées aux points 2 et 3.
Un support
S’il n’y a qu’un arbre à disposition, alors un bâton, une perche ou une pagaie seront nécessaires pour tendre le point 4 en faisant un relais (il vous faudra alors au moins une sardine en plus).
Le principe
L’idée est de former un abri bien fermé sur trois côtés, en repliant la tarp à l’intérieur de l’abri. Le dernier côté est ouvert en hauteur. On cherchera ensuite à gagner encore de la hauteur dans l’abri en tendant la toile au point 4.

Les replis vous offrent trois zones sèches et propres au fond de l’abri et sur le côté pour poser vos affaires, un avantage intéressant de ce montage.
Le site idéal
Le meilleur endroit pour réaliser ce montage est…une zone plate entre deux arbres.
Si vous arrivez à comprendre dans quel sens souffle le vent dominant pendant la durée d’utilisation de votre abri, vous orienterez les points 2 dans la direction d’où vient le vent, et le point 1 sous le vent.

Les premières branches devraient se situer à environ 2.5 à 3m de haut. Si les premières branches sont plus hautes, il est encore possible de faire ce montage, mais il faudra peut-être lancer votre corde par-dessus (ce qui complique un peu les choses).
Si les troncs des arbres ne sont pas trop épais, vous pourrez aussi passer la cordelette autour du tronc. Avec des gros arbres d’un bon diamètre, il devient difficile de passer et d’ajuster la cordelette, surtout si vous êtes seul pour faire ce montage.
Le montage
La mise en place
Vous commencerez par aligner la diagonale de la tarp avec les deux arbres de part et d’autre du replat. Le point 1 sera ainsi d’un côté, près d’un des arbres, et les points 2 vers l’autre arbre, de part et d’autre de la diagonale.
Vous pouvez à ce stade ajuster la position de votre tarp en rapprochant ou éloignant le point 1 de l’arbre, ce qui rendra le côté ouvert de votre abri respectivement plus ou moins fermé et protégé par le tronc de l’arbre.
Première étape
Une fois la tarp en place au sol et correctement disposée, vous pouvez fixer les points 2 avec des sardines, en tendant bien le tissu entre ces deux points. Veillez à ce que la ligne formée par les deux points reste bien perpendiculaire à la ligne formée par les deux arbres.
Deuxième étape
Accrochez maintenant votre cordelette au point 1, puis à une branche de l’arbre. Plus vous accrocherez cette cordelette en hauteur, plus votre abri sera ouvert vers le haut, et moins il sera large au niveau du sol.
Tendez la cordelette pour mettre en tension la tarp. Vous formerez alors un triangle dont les sommets seront le point 1 et les deux points 2
Troisième étape
Venez maintenant fixer au sol les points 3. C’est l’étape la plus délicate au niveau de l’ajustement. Vous devrez chercher la position idéale des sardines pour tendre le tissu entre ces points et les points 2 déjà fixés (d’une part), et entre ces points et le point 1 accroché à l’arbre. Selon la nature du terrain (pente, creux ou bosses, cailloux…) vous n’arriverez pas forcément à optimiser la tension des deux côtés. Dans ce cas, privilégiez la tension au sol vers les points 2 pour former le bas de l’abri de manière propre.
Quatrième étape
Il vous reste à attachez une cordelette au point 4 et à accrocher celle-ci à une branche de l’autre arbre, puis de tendre la cordelette. Ceci aura pour effet de soulever le centre du triangle formé par le point 1 et les points 2, et ainsi de créer du volume et de la hauteur dans votre abri.

Les ajustements
Vous pouvez maintenant replier les volets de toile entre les points 2, et entre les points 2 et 3 vers l’intérieur de l’abri.
Si vous n’avez pas réussi à tendre correctement l’arrête du tissu entre les points 3 et le point 1, vous pouvez à ce stade mettre en tension le tissu, en reliant par exemple entre eux les points d’attache intermédiaires près du point 1 avec une cordelette (ce qui aura pour effet de refermer plus votre abri), ou au contraire en tendant des cordelettes supplémentaires vers l’extérieur depuis ces points d’attache (ce qui ouvrira votre abri).
Le montage dans les bois
Voici donc le montage en photo, réalisé lors d’une sortie en forêt avec mon fils, au mois de février. Le but était de se faire un abri approprié pour passer confortablement la fin de la matinée, le repas de midi et le début d’après-midi avec lui.
J’ai trouvé un espace assez plat entre deux gros résineux.
Pour l’arbre à l’arrière (côté points 2) j’ai pu trouver une petite branche latérale à ma hauteur, et y ai fixé la cordelette qui va au point 4.
De l’autre côté, il n’y avait aucune branche basse, et j’ai dû lancer la cordelette lestée par un bout de bois pour réussi à la faire passer par-dessus les premières branches en hauteur.

Comme le terrain n’était pas parfaitement plat, les côtés de la tarp ne sont pas totalement tendus.

Avec ce montage, l’angle de la tarp vers le point 1 forme une espèce de bec qui fait office d’avant-toit. Il couvre un espace au sol généreux vers l’entrée, tout en permettant une bonne ventilation latérale. C’est donc un espace adéquat pour cuisiner.
Pour ce montage particulier, j’ai disposé la tarp vers le réflecteur à feu que j’avais construit quelques mois auparavant sur le même site.
J’ai cuisiné le repas de midi sur un petit réchaud à bois (hobo stove), que j’ai gardé contre le réflecteur, sous la tarp.

J’ai ainsi pu bénéficier de la chaleur du feu, et il y avait suffisamment de dégagement en hauteur au-dessus du réchaud pour ne pas mettre en péril la tarp.


Pour finir
Mon exemple ci-dessus est quasiment idéal : site presque plat, arbres bien disposés, orientation au vent adéquate et tarp carrée avec beaucoup de points d’attache.
Vous n’aurez pas toujours cette chance, et il faudra être prêt à improviser un peu à chaque montage. Il se peut également que votre tarp soit rectangulaire, et ne soit pas très fournies en points d’attache.
Dans une prochaine chronique, je reviendrai sur ce montage particulier avec une tarp rectangulaire beaucoup plus petite, et vous montrerai ce que j’arrive à faire, et quels modifications et compromis j’ai dû faire pour m’adapter.
Il existe de nombreuses autres façons de disposer sa tarp, et sa modularité représente son principal avantage. J’aurai l’occasion de vous en montrer d’autre par la suite, notamment en rapport avec les hamacs.
En attendant, si vous-même possédez une tarp, je vous encourage vivement à tenter des montages classiques ou plus exotiques, en cherchant parfois des sites qui ne sont pas idéaux, afin d’apprendre à s’adapter et à improviser. Ainsi, vous ne serez pas pris au dépourvu le jour où vous devrez vous créer un abri en urgence (p.ex sous une pluie battante) ou dans des conditions dégradées (p.ex blessure)
Allez dehors, et essayez !
Sylvestre Grünwald
