hère Lectrice, cher Lecteur,
Je vous ai présenté il y a quelque temps un montage de tarp permettant de constituer un abri très couvrant.
Je l’avais réalisé avec ma plus grande tarp, qui fait 3.5m par 3.5m, et qui est donc…grande et carrée.
J’ai voulu reproduire ce montage avec la tarp que je transporte toujours dans mon sac de bushcraft, qui ne fait que 2m par 3m, et qui est donc rectangulaire.
Cette forme et cette taille imposent quelques contraintes.
Voyons ensemble comment ça marche.
Quel matériel ?
La tarp
Ma tarp bushcraft est en silnylon, et possède moins de points d’attache que la grande tarp utilisée dans l’autre chronique.
Les cordelettes
Pour ce montage, il faut aussi au minimum deux cordelettes, dont une relativement longue, qu’on cherchera à accrocher à un tronc ou une branche d’arbre suffisamment haute. Elle permettra de rehausser le point 1. Une deuxième sera reliée au point 4 (que l’on devra créer pour l’occasion) pour donner de la hauteur et du volume sous la tarp. Deux cordelettes supplémentaires pourront être attachées en option aux points 5 pour mieux protéger la zone couverte par la tarp.
Les sardines
Comme pour la grande tarp, un minimum de quatre sardines sont nécessaires, et seront disposées aux points 2 et 3.
Un support
A nouveau, s’il n’y a qu’un arbre à disposition, alors un bâton de marche, une perche trouvée sur place ou une pagaie seront nécessaires pour tendre le point 4 en faisant un relais (il vous faudra alors au moins une sardine en plus).
Le principe et le choix du site
La tarp étant plus petite, nous devrons utiliser toute la surface de celle-ci pour former l’abri, et n’aurons pas la possibilité de replier les « ailes » de côté comme sur la grande tarp, pour former une zone sèche au sol. Pour ma part, vu que j’ai systématiquement une footprint avec moi (en nylon ripstop, tyvek, ou polycro), ce n’est pas forcément gênant.
Le principe général de cet abri est le même que pour la grande tarp : former un abri protégeant bien « sous le vent ». Il sera donc important de bien sélectionner le site, et d’évaluer la direction générale du vent dominant pendant la période d’utilisation du site de bivouac.
On orientera le point 1 dans la direction opposée au vent dominant (et donc la ligne reliant les deux points 2 en direction d’où vient le vent.
Pour le reste, on cherchera ici aussi un site aussi plat que possible, en trouvant idéalement une ligne droite entre deux arbres espacés de quelques mètres.
Le montage
La mise en place
Vous commencerez par aligner la diagonale de la tarp avec les deux arbres de part et d’autre du replat. Le point 1 sera ainsi d’un côté, près d’un des arbres, et les points 2 vers l’autre arbre, de part et d’autre de la diagonale.
Première étape
En gardant la ligne reliant les points 2 bien perpendiculaire entre les deux arbres qui vous serviront de support, fixer ces deux points avec des sardines, en tendant bien le tissu entre celles-ci. Repliez ensuite l’angle dépassant entre les deux points sous la tarp ainsi fixée.
Deuxième étape
Vous accrocherez ensuite la cordelette au point 1 (le plus simple étant de nouer un nœud de chaise sur la boucle de la tarp).
Vous devez maintenant fixer la cordelette à l’arbre vous servant de support. Plus vous l’accrocherez haut, plus vous aurez de volume sous votre abri, mais plus il sera ouvert au vent. Trouvez donc le bon compromis en fonction des conditions météorologiques.
Sur l’arbre servant de support, je vous conseille d’utiliser le « Siberian hitch », dont je vous ai parlé dans une chronique précédente.
Troisième étape
Venez maintenant fixer au sol les points 3. Ces points étant directement adjacents aux points 2 et au point 1 sur cette petite tarp, l’ajustement est plus facile : il suffit de tendre le tissu de tous les côtés.
Quatrième étape
Pour créer de la hauteur et du volume sous la tarp, nous pouvons maintenant surélever le point 4. Problème : il n’existe pas sur cette tarp ! Nous allons donc devoir le créer.
Je vais vous présenter une méthode toute simple pour créer des points d’attache sur un tissu là où il n’y en a pas.
Il vous faudra un petit caillou (de l’ordre de 1cm de diamètre), et idéalement une boucle de cordelette que vous aurez formée par épissure ou par nouage, d’environ 15cm de diamètre.
Le caillou sera si possible rond et sans aspérités, au risque d’abîmer le tissu.
Après avoir choisi l’endroit où vous voulez créer votre point d’attache, vous pousserez le caillou depuis l’intérieur de la tarp, pour former une petite poche de tissu autour de celui-ci.
Vous viendrez alors fermer la poche en « étranglant » le tissu sous le caillou avec la boucle de cordelette. Le nœud idéal pour ce faire est une tête d’alouette, que vous pouvez éventuellement doubler ou tripler.
Vous aurez ainsi une boucle à l’endroit désiré, sur laquelle vous pourrez venir raccorder une autre cordelette permettant la mise en tension de la tarp.
Dans mon cas, je n’avais pas d’arbre à l’arrière de la tarp sur lequel accrocher ma cordelette, et j’ai donc dû créer un « relai » pour surélever la tarp. Pour ce faire, j’ai utilisé un mât en tube aluminium d’environ 1m20 de haut, mais une branche d’arbre d’environ 2cm de diamètre pour la même hauteur aurait très bien fonctionné.
Le mât permet de rediriger la tension à créer (vers le haut) en direction du sol (vers le bas), où l’on fixera le bout de la cordelette au sol avec un sardine.
Ce système est un condensé des nœuds que j’utilise le plus : un nœud de chaise ou une tête d’alouette pour fixer la cordelette à la boucle créée au point 4, un nœud constricteur pour solidariser la cordelette au mât ou à la branche servant de relais, et un trucker’s hitch (nœud de camionneur, nœud de charretier) pour mettre le tout en tension sur la sardine.
Les ajustements
Vous pouvez encore ajuster votre montage en rajoutant des cordelettes aux points 5, et en ramenant et tendant le tissu en direction du sol, pour fermer un peu l’avant de l’abri.
Ceci permettra d’éviter quelque peu les courants d’air par le côté et d’éviter que le bord de la tarp ne batte trop au vent.
Pour finir
Au final, j’ai environ 80cm de hauteur sous le point 4, et environ 2m sous le point 1. Ceci me permet de me tenir assis sur la footprint disposée sous la tarp. Le grand dégagement vers l’ouverture de la tarp me permettrait aisément de cuisiner avec un réchaud à gaz, et éventuellement avec un petit réchaud à bois. Un vrai feu de camp pourrait également s’envisager, mais tout au bout, et en maîtrisant avec prudence la hauteur des flammes.
Si cet abri est correctement orienté par rapport au vent, il vous protégera efficacement des courants d’air et de la pluie battante. Hors vent, il vous protégera même d’une pluie très forte tombant à la verticale.
En variante, j’aurais également pu profiter des deux boucles d’attache existantes, et relever celles-ci avec une cordelette et un relais, à la place du point 4 créé « sur mesure ».
Voici encore un exemple de la modularité de la tarp, avec un abri couvrant mais limité en hauteur. Il existe des dizaines d’autres façons d’installer une tarp et j’aurai plaisir à vous en présenter d’autres lors de futures chroniques !
Allez dehors, et essayez !
Sylvestre Grünwald
Une réponse
Merci bcp. Vraiment très bien expliqué. Justement j’avais un peu de difficulté pour cette configuration.
Avez-vous un tutoriel pour la configuration en demi-tepee avec un tarp 3×3?
Merci bcp !