Mes conseils pour choisir un sac de couchage

Chère Lectrice, cher Lecteur,

Sauf si vous êtes très résistant (ou très poilu), vous n’arriverez vraisemblablement pas à dormir confortablement en plein nature sans un minimum de matériel. A part peut-être pour une nuit en cas d’urgence, ou en plein été dans des conditions clémentes, il vous faudra protéger votre corps contre les éléments et la déperdition thermique.

La première couche autre que vous vêtements sera votre sac de couchage. Il existe une diversité de formes, marques, matériaux et qualité sur le marché.

Voyons ensemble quelques notions de base pour bien choisir votre sac de couchage.

Attention ! Le sujet est extrêmement vaste, et je n’ai pas la prétention de le couvrir de manière exhaustive dans cette modeste chronique.

La forme

Je commencerais par distinguer la forme générale du sac de couchage, avec trois catégories principales

  • Rectangulaire
  • Momie (ou sarcophage)
  • Quilt

Je décris ci-dessous ces trois formes, en forçant volontairement un peu le trait pour bien les différencier.

Il existe évidemment des hybrides, notamment des transitions entre forme momie et forme rectangulaire, ou des quilts qui peuvent s’utiliser totalement fermés.

Rectangulaire

Le sac de couchage rectangulaire est le « classique » : une forme plus ou moins carrée ou rectangulaire, qui se referme comme une pochette grâce à une fermeture éclair sur le côté.

On le trouve avec ou sans capuche, et celle-ci ne sera pas très couvrante, mais servira plutôt d’oreiller.

Une fois totalement ouvert, ce sac peut servir de couverture (même pour deux personnes).

Généralement, on disposera plutôt dans cette catégorie de sacs d’entrée de gamme, et de classe thermique basse à moyenne.

De par sa forme, il est souvent plus lourd (plus de tissu et de garniture à transporter).

Il offre par contre plus de confort pour les dormeurs actifs, puisqu’il est possible de tourner et s’agiter dedans sans s’y retrouver emmêlé.

sac couchage rectangulaire
Sac de couchage rectangulaire – source www.campz.ch

Momie (ou sarcophage)

Le sac momie adopte une forme beaucoup plus serrée autour du corps du dormeur.

Il est équipé d’une capuche très couvrante, ne laissant parfois qu’une petite ouverture autour du visage.

Son ouverture latérale ne se prolonge généralement pas jusqu’aux pieds. Ceux-ci sont inclus dans une « footbox ».

Les sacs hauts de gamme pour des températures extrêmes sont pratiquement tous dans cette catégorie de forme.

Les dormeurs actifs seront souvent à la peine avec ce type de sac, puisque leur forme ne laisse guère qu’une seule position pour dormir : sur le dos, les bras croisés sur le ventre ou le long du corps.

sac couchage momie
Sac de couchage momie – source www.campz.ch

Quilt

Le quilt a fait sa place dans le monde de la MUL (marche ultra-légère).

L’idée derrière cet objet est la suivante : dans un sac de couchage normal, l’isolation qui est entre le corps de la personne et le matelas ou le sol est totalement compressée par le poids du dormeur, et ne sert donc à rien. A partir de là, autant s’en passer pour économiser du poids, et miser sur la performance du matelas de sol pour compenser.

Il s’agira donc d’apparier son quilt à son matelas de sol, qui devra être bien adapté aux températures rencontrées.

La plupart des quilts peuvent s’utiliser totalement ouverts (comme un duvet), mais possède une fermeture éclair partielle vers les pieds, qui remonte de quelques dizaines de centimètres pour former une « footbox ».

Le quilt va bien pour les dormeurs actifs. Puisqu’il est attaché au matelas de sol par des sangles ou des élastiques, il est possible de tourner complètement entre les deux s’en s’emmêler dedans, voir même de dormir sur le ventre.

Par contre, vu sa forme, il n’a pas de capuche, et il est nécessaire de compenser cela en portant un bonnet ou une balaclava.

sac couchage quilt
Quilt : à gauche totalement ouvert, à droite fermé – source www.gramxpert.eu

Le garnissage

Duvet

C’est le garnissage isolant traditionnel, en duvet naturel. En réalité il s’agit d’un mélange entre du duvet et des plumes ou plumettes. Le duvet est plus efficace comme isolant que la plume ou plumette, mais celle-ci est nécessaire pour fixer le duvet dans la doublure du sac. 

Le duvet et les plumes peuvent provenir de l’oie ou du canard.

La capacité isolante du garnissage dépend de sa faculté à « stocker » une couche d’air entre le dormeur et l’environnement. Plus le duvet est « gonflant », plus il gardera cette couche d’air (et donc plus il sera chaud). La qualité de la matière première joue ici un rôle important.

Le duvet naturel est généralement plus léger et plus isolant qu’un duvet synthétique, mais perd son pouvoir isolant quand il est humide (notamment à cause de la condensation).

L’utilisation du duvet naturel a posé des problèmes éthiques pendant longtemps, puisque les oies qui fournissaient la matière étaient parfois gavées ou plumées vivantes. 

La plupart des marques utilisent maintenant du duvet labelisée (Responsible Down Standard). Toutefois, si vous êtes vegan, il vous faudra opter pour du synthétique.

 

Synthétique

Le garnissage synthétique est généralement fabriqué avec des fibres de polyester (parfois recyclé). Il est moins compressible que le duvet naturel, et pour la même capacité isolante, il faudra donc une épaisseur de synthétique plus importante. 

Par contre, le synthétique conserve mieux son pouvoir isolant s’il est humide, et est généralement plus résistant à long terme que le duvet.

Les principales marques de garnissage synthétique disponibles sur le marché sont le G-loft, le Primaloft ou le Climashield Apex. La structure de ces fibres synthétiques varie quelque peu de l’une à l’autre, avec des avantages et des inconvénients.

Duvet synthetique
Duvet naturel à gauche, primaloft à droite, g-loft ci-dessous
duvet primaloft

Exigences thermiques

Comment savoir si le sac de couchage que vous allez acheter est assez chaud pour vos besoins ?

D’abord, évidemment, définir vos besoins : glamping en plein été, camping trois saisons, bivouac extrême sur la banquise ? 

Vous devez avoir une idée relativement précise des conditions dans lesquelles vous allez utiliser votre sac, donc connaître l’environnement dans lequel vous allez évoluer (température nocturne, vent…), ainsi que l’abri que vous allez employer (tente double-paroi, mono-paroi, sac de bivouac, belle étoile…). Ces différents facteurs devraient vous aider à déterminer la température extrême que vous rencontrerez.

A partir de là, votre choix : prendre le sac le plus chaud possible par rapport à cette température, et admettre qu’il sera plus lourd, plus volumineux (et généralement plus cher), ou prendre un sac légèrement moins chaud (et donc plus léger ou plus compact), et admettre que X% du temps vous aurez froid pendant la nuit. A ce propos, il est possible de moduler la température de votre système de couchage en jouant sur les liners, les sursacs, les sacs de bivouac ou la qualité de votre matelas. Je vous en reparle plus bas.

Un autre facteur primordial, qui ne dépend que de vous : votre sensibilité au froid ! Pour ma part, je sais que je suis très frileux (je suis petit et sec, et n’ai pas de couche de graisse pour me protéger). J’aurai donc tendance à choisir un sac légèrement plus chaud.

Une fois ces besoins déterminés, vous pouvez filtrer parmi les sacs à disposition sur le marché.

L’exigence thermique des sacs de couchage est régie par la norme ISO 23537-1:2016 (geek !). 

Cette norme définit les gammes de température suivantes :

Température maximale : Tmax :

Limite supérieure de confort jusqu’à laquelle l’utilisateur du sac de couchage, partiellement découvert, ne transpire pas trop.

Température de confort : Tcomf :

Limite inférieure de confort (étudiée par rapport aux femmes) à laquelle l’utilisateur du sac de couchage en posture détendue, par exemple étendu sur le dos, est globalement en équilibre thermique et n’a pas froid.

Température limite : Tlim :

Température inférieure (étudiée par rapport aux hommes) à laquelle l’utilisateur du sac de couchage en posture recroquevillée est globalement en équilibre thermique et n’a pas froid.

Température extrême : Text :

Température très basse (étudiée par rapport aux femmes) à laquelle un préjudice pour la santé par hypothermie est possible (rappelons que l’hypothermie peut entraîner la mort).

gamme temperature sac couchage

La norme tient compte de la différence de physionomie et de métabolisme entre hommes et femmes. Les femmes (comme les hommes petits et secs : moi) sont plus sensibles au froid.

Le sac exemple ci-dessus est recommandé jusqu’à -4°C pour une femme, mais jusqu’à -10°C pour un homme. Entre -10°C et -30°C, on entre dans la zone de risque : ce sac ne suffit plus tout seul à garantir une bonne protection contre le froid et l’utilisateur est en danger vers la température extrême.

Les accessoires

Dans un monde idéal, j’aurais une cave gigantesque et un budget « outdoor » infini, et je posséderais un sac de couchage par tranche de 5° de température. Je regarderais les prévisions de température la veille de partir camper, et j’aurais, quelle que soit la saison, le sac de couchage le mieux adapté aux conditions…

En réalité, ma cave est toujours trop petite, et je n’ai pas envie de dépenser des milliers de francs en sac de couchage. 

Heureusement il y a des accessoires pour régler mon problème.

J’ai fait le choix suivant : 

  • Un quilt performant, avec une température de confort entre 0° et 5, le eLite produit par GramXpert, un petit fabricant. Ce quilt est garni avec du Climashield Apex 200 g/m2. Il pèse 625 g.
  • Un sac de couchage momie plus léger, avec une température de confort entre 10° et 15. Il s’agit du Carinthia G90, qui est garni avec du g-loft à 90 g/m2.°Il pèse 620g.

 

Les liners

Pour augmenter la plage de température d’utilisation de ces deux sacs, j’utilise une gamme de sacs internes et de sursacs (sacs de bivouacs) :

  • Un « sac à viande » en soie, qui rajoute 1° à 2° au sac en coupant les courants d’air, mais qui peut aussi être utilisé seul avec le sac de couchage totalement ouvert s’il fait trop chaud en été
liner en soie
Liner en soir…non la dame n’est pas vendue avec – source www.campz.ch
  • Un liner thermique en micropolaire, qui rajoute environ 10° à la plage de température du sac (données du fabricant), pour un poids d’environ 260g. Il s’agit du Reactor Compact Plus Liner de Sea-to-Summit, qui est le 3e de la gamme proposée par cette marque en therme de chaleur. Il existe un modèle encore plus chaud, le Fleece Liner, qui rajoute environ 18°.
liner thermique
Liner thermique Reactor Compact Plus Liner de Sea-to-Summit – source seatosummit.eu
  • Pour le sac G-90 de Carinthia, un autre liner thermique en micropolaire (modèle Grizzly), qui rajoute environ 5° à la plage de température du sac (données du fabricant), pour un poids d’environ 500g.
liner grizzly
Liner Grizzly de Carinthia – source www.carinthia.eu

Les sursacs et sacs de bivouac

Une autre option intéressante pour augmenter la plage d’utilisation d’un sac de couchage est l’usage d’un sac de bivouac ou d’un sursac de secours, et ce même à l’intérieur d’une tente (même si à la base, un sac de bivouac permet de se passer totalement d’une tente). 

Je recommanderais par exemple les sursacs de secours produits par SOL (Survive Outdoors Longer), notamment le modèle Espace Bivvy.

sursac de couchage escape bivy
Escape Bivvy de SOL – source www.surviveoutdoorslonger.com

A noter que les sursacs de ce type ne sont généralement pas compatibles avec l’usage d’un quilt, puisqu’ils sont trop petits pour glisser le quilt ET le matelas de sol à l’intérieur. Ils s’utilisent par contre très bien avec un sac de couchage « classique ».

Pour utiliser un quilt attaché au matelas de sol, on s’orientera plutôt vers des sacs de bivouac plus amples, comme le Bristlecone de Katabatic Gear, qui sont en fait des tentes miniatures (et qui se prêtent aussi parfaitement à l’usage d’un sac de couchage classique)..

sac bivouac bristlecone
Sac de bivouac Bristlecone de Katabatic Gear – source katabaticgear.com

 

Vous pouvez aussi, comme moi qui suis fan de MYOG, vous amusez à fabriquer votre propre sac de bivouac : 

piecces sac bivouac decoupé
Les différentes pièces du sac de bivouac, découpées et prêtes à être cousues
sac bivouac MYOG tente
Mon sac de bivouac « MYOG » en place dans ma tente Six Moon Designs Haven, prêt pour une nuit confortable !

Autres points à considérer

Compacité et stockage du sac

Parmi les autres points à considérer, il y a évidemment le rapport température / poids / volume. A une gamme de température donnée, je favoriserai toujours le sac le plus léger et le plus compact, jusqu’à une certaine différence de prix. 

Pour gagner en compacité, il est possible d’utiliser le sac de compression généralement vendu avec votre sac de couchage, mais aussi de travailler avec un sac de compression plus performant, avec une valve pour vider l’air. 

Attention toutefois à ne pas stocker à long terme votre sac de couchage ainsi comprimé ! Dès votre arrivée au camp et la tente montée, sortez immédiatement le sac, pour permettre au garnissage de reprendre son volume complet. De même, à la maison, stocker votre sac de couchage dans un sac le plus grand possible, si possible en filet.

 

Accouplement de sacs (ou dans le sac ?)

Autre point important si vous campez en couple : la possibilité d’assembler deux sacs ensemble. Certains fabricants proposent leurs sacs avec la fermeture éclair à gauche ou à droite, et l’on peut donc accoupler les sacs. C’est plus sympa pour se faire des câlins, et partager la chaleur corporelle de l’autre !

 

Importance du matelas de sol

Un dernier point à prendre en compte est la qualité et la valeur « R » d’isolation thermique de votre matelas. Même avec le meilleur sac de couchage du monde, si vous êtes couchés directement sur une dalle rocheuse gelée, vous allez inévitablement perdre énormément de chaleur au contact du sol. 

C’est un sujet presque aussi vaste que celui des sacs de couchage, et j’espère vous en reparler dans une prochaine chronique.

Voilà pour ce bref tour d’horizon de ce vaste sujet que sont les sacs de couchage. J’espère que ces infos vous permettront de faire un choix éclairé lors d’une prochaine acquisition, ou de jeter un œil critique sur votre matériel actuel. 

Nous avons vu que les liners permettent facilement d’étendre la gamme d’utilisation de votre sac de couchage, et de gagner en modularité d’une saison à l’autre. C’est une option que je vous encourage à étudier, avec de mettre une fortune dans un nouveau sac plus chaud.

Gardez également en tête qu’un sac de bivouac ou un sursac de survie peuvent également étendre la plage de température dans laquelle vous utiliserez votre sac !

 

Allez dehors, et essayez !

 

Sylvestre Grünwald

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