Chère Lectrice, cher Lecteur,
Imaginez la scène suivante : vous êtes dans les bois fin novembre, il fait presque 0°C, et la pluie qui tombe depuis quelques heures menace de tourner à la neige. Vous souhaitez vous reposer un moment pour manger un morceau et éventuellement faire un feu pour vous réchauffer. Pour cela, vous préférez vous mettre au sec. Heureusement vous avez une tarp avec vous !
Aujourd’hui je vais vous montrer un nœud pour accrocher une cordelette à un arbre. Cette cordelette servira de ligne principale pour tendre votre tarp. Ce nœud a deux particularités, dont une qui nous intéresse beaucoup dans la scène que je vous ai décrit ci-dessus !
Un nœud que l’on peut nouer sans enlever ses gants !
La particularité la plus intéressante du nœud dont je vous parle aujourd’hui est la facilité avec laquelle on peut le nouer, même en gardant ses gants, voire ses moufles aux mains ! Il s’agit en fait d’une variante du Siberian hitch, ce qui est assez parlant !
Il y a plein d’autres nœuds adéquats pour attacher une cordelette autour d’un tronc ou d’une branche, mais la plupart d’entre eux nécessitent beaucoup de dextérité, et sont incompatibles avec le port de gros gants chauds.
Un nœud facile à défaire !
Une autre particularité de ce nœud, c’est la facilité avec laquelle on peut le défaire. Il suffit de tirer sur un des brins, et le nœud tombe tout seul. A nouveau, en cas de grand froid et avec des mains gantées, nous n’avons pas envie de passer dix minutes à desserrer un tout petit nœud très serré !
Avant de commencer, un peu de vocabulaire et de contexte.
On nomme le dormant la partie de la corde qui ne bouge pas et le courant le bout de la corde qui circule. Le ballant c’est le bout de corde entre les deux.
En repliant une courte longueur du courant le long du dormant sans les croiser, on obtient une ganse.
Si l’on forme une boucle en croisant le courant et le dormant (donc une ganse fermée), c’est un tour.
Pour vous aider, j’ai utilisé sur mes photos trois traits et couleurs différentes :
En rouge, le mouvement à réaliser durant cette étape ; en tiret jaune, la position précédente de la corde ; et en orange foncé, une mise en évidence des boucles sous lesquelles il faut passer.
A noter : je suis gaucher ! Si vous êtes droitier et que cela vous semble plus confortable, vous pouvez tout à fait réaliser ces nœuds en miroir.
Huit étapes pour faire ce noeud
Cette variante du nœud comprend huit étapes. Je démontre celles-ci à mains nues.
- Commencez par passer votre cordelette autour de l’arbre que vous avez choisi. Saisissez le dormant et le courant dans votre main, paume face à vous. Laissez environ 50 cm de courant pendre en-dessous de votre main.

- Ramenez le courant derrière vos doigts, et formez un tour autour de ceux-ci, de l’arrière vers l’avant.

- Glissez maintenant votre main derrière le dormant (1), en entrainant la boucle que vous avez formé à l’étape 2. Puis amenez votre pouce contre vos doigts, et enfilez le dans la boucle (2) sous le croisement formé par le courant sur lui-même. La paume de votre main est toujours face à vous.

- Une fois votre pouce dans la boucle, pivotez votre poignet dans le sens horaire, tout en écartant vos doigts et votre pouce pour mettre la boucle en tension.

- Venez maintenant pincer le courant du bout des doigts, par-dessus le dormant.

- Ramenez le courant pincé à travers la boucle autour de votre main. Le nœud commence à se resserrer.

- Finalisez le serrage du nœud en tirant sur le brin supérieur de la boucle (vous verrez tout de suite que si vous tirez sur le brin inférieur, vous serrez en train de remonter le courant !).

- Finalement, ajustez le nœud autour du tronc en tirant sur le dormant, jusqu’à ce que le nœud soit bien serré contre le tronc.

Vous avez maintenant un point d’attache solide et rapidement noué, qui servira de base pour votre ligne principale !
Comment défaire le nœud ?
Pour défaire le nœud, on tirera cette fois sur le courant avec lequel on a travaillé pour faire le nœud. En tirant dessus, on réduira la boucle qui tient le tout en place, et dès que celle-ci sera repassée dans la partie serrée du nœud, tout se relâchera.

Et avec les mains gantées ?
Si vous portez des gants fins, la procédure est exactement la même qu’à mains nues. Avec des gants plus épais, ça se complique un peu, puisque l’on manquera de finesse et de dextérité. Il sera important de former tous les tours et toutes les boucles en prenant de la marge, afin de pouvoir passer vos doigts dedans avec facilité.
Pensez également au fait que la corde risque de crocher sur vos gants, donc essayez de garder assez de mou dans votre nœud jusqu’au serrage final. Ne vous crispez pas !
Ci-dessous, l’Etape 2 décrite plus haut, avec des gants en cuir moyens, puis des gants d’hiver. Je n’avais pas de moufles à disposition avec moi dans les bois ce jour…mais j’ai testé une autre fois avec un gant de cuisine (ceux qu’on utilise pour sortir les plats du four), et ça marche aussi, du moment qu’on garde du mou dans les nœuds.


Dans une prochaine lettre, je vous montrerai une deuxième variante du Siberian hitch, cette fois ci intégralement avec mes gants d’hiver
Allez dehors et essayez !
Sylvestre Grünwald
