Le travail du plastique : Comment fabriquer un fourreau pour une lame de scie

Chère Lectrice, cher Lecteur,

Je vous ai expliqué dans une autre lettre comment assembler une scie à cadre rapidement dans les bois, en ne prenant avec vous qu’un couteau suisse, une cordelette et une lame de scie à buche. 

Vous aviez vu que je transportais celle-ci de manière sûre et légère, en la rangeant dans un fourreau en plastique. 

Je vous explique aujourd’hui comment fabriquer ce fourreau !

Quel matériel ?

Le matériel qu’il vous faut est facilement disponible dans tout magasin de bricolage :

  • Un tube à câble en PP (polypropylène). La dénomination en Suisse est « tube KIR », et « tube IRL » en France. Diamètre 20 ou 25 mm selon la taille de la lame de scie. Dans le doute, prenez le plus gros !
  • Deux goupilles à ressort (ou goupille « clip »), d’un diamètre de 4 à 5 cm
  • Une planchette fine, d’une dimension (longueur x largeur) proche de celle de la lame de scie, et d’une épaisseur de 2mm environ. Elle vous servira à préformer le tube en garantissant qu’il reste un vide suffisant à l’intérieur de celui-ci

Quels outils ?

  • Un thermoventilateur (« foehn industriel » en Suisse romande). Si vous n’en avez pas encore, c’est un investissement intéressant, car il vous servira pour tout travail des thermoplastiques, notamment du kydex ! On en trouve déjà pour quelques dizaines de francs. Pas besoin d’un modèle surpuissant, sinon vous risquez de brûler votre plastique
  • Des planches (longueur supérieure à la lame de scie) et des serre-joints, idéalement sur un établi
  • Une scie à métal
  • Une perceuse, des mèches, une fraise conique pour finir proprement

Comment débuter ?

Commencez par installer votre matériel :

  • Scier le tube et la planchette fine à la bonne longueur.


Pour ce fourreau, j’ai travaillé avec des chutes de matériel qui trainaient dans mon atelier…la planchette et le tube étaient un tout petit peu trop courts. Comptez au moins 4cm de plus que la lame pour le tube plastique.

Lame de scie, planchette fine et tube plastique
La planchette, à côté du tube
  • Disposez vos planches entre les serre-joints.


J’ai pu faire mon installation avec deux grandes planches entre les serre-joints de mon établi, ce qui m’a grandement facilité la tâche.

Le tube plastique disposé entre deux planches, dans les serre-joints de l’établi
  • Si vous arrivez déjà à insérer la planchette dans le tube, faite-le. Sinon il faudra commencer à l’ovaliser un peu avant de l’y glisser.

Ça chauffe !

Une fois le matériel bien en place, vous pouvez commencer à chauffer votre tube :

  • Allumez le thermoventilateur, et chauffez lentement et régulièrement toute la surface du tube plastique.


Il s’agira ici de trouver la bonne distance et le bon rythme pour chauffer le tube de manière uniforme. Si vous n’êtes pas familier avec cet outil, je vous conseiller de faire un essai sur un bout de tube. Chauffez-le progressivement pour bien comprendre son comportement thermoplastique : quand devient-il malléable ? quand devient-il totalement mou ? que faut-il pour le faire fondre ou brûler ?

Le thermoventilateur en action
  • Serrez progressivement les serre-joints, au fur et à mesure que vous chauffez le tube. Dès que vous pouvez, insérez la planchette dans le tube.


Attention, si vous serrez le tube trop fort sans l’avoir suffisamment chauffé, vous risquez de le casser. Le plastique va fissurer au lieu de se déformer. Ne soyez donc pas trop pressés !

Début de l’ovalisation : la planchette est insérée dans le tube
  • Continuez d’alterner chauffage et serrage jusqu’à ce que le tube soit bien aplati avec la planchette dedans. 
Ecrasement complet du tube
  • Vous pouvez maintenant retirer la planchette (peut-être en vous aidant d’une pince). Vous pouvez insérer la lame de scie une première fois, pour vérifier qu’elle se glisse bien entièrement dans le fourreau.

Retrait de la planchette et essai d’insertion de la lame de scie

Les finitions

  • Vous allez maintenant pouvoir obturer un des deux bouts du tubes. Pour ce faire, nous allons bien chauffer le plastique, puis le pincer fortement. SI vous avez un étau avec des mâchoires métalliques, c’est idéal, sinon vous le ferez au serre-joint ou à la pince. 


Pour cet exemple, j’ai dû m’y prendre à plusieurs reprises. En effet, comme le tube était relativement court, j’ai dû finalement pincer le tube en deux fois en biais, pour laisser le plus de place possible à la lame. C’est là tout l’avantage des thermoplastiques : si vous vous ratez, vous pouvez recommencer tant que vous voulez, du moment que vous n’avez pas brûlé le plastique !

Ecrasement du bout du tube dans l’étau métallique. Premier essai à plat, puis deuxième essaie en deux serrages en biais 

  • La dernière étape consiste à percer le tube afin de pouvoir y fixer les goupilles, que vous utiliserez plus tard en forêt pour assembler votre scie à cadre.


Ici, j’ai commencé avec une mèche de 2mm pour pointer le premier trou, que j’ai ensuite agrandi avec une mèche de 5mm, puis chanfreiné avec la fraise conique.

Les goupilles permettent de bloquer la lame dans le tube lorsque vous l’y ranger.

Un projet simple pour débuter avec les thermoplastiques

Voici donc en quelques étapes un projet simple et pratique. Il vous permettra de fabriquer facilement un fourreau pour tout type de lame de scie (différentes longueurs et largeurs, lame à bois ou lame à métal…). 

Trois longueurs de lames différentes, prêtes à être embarquées dans le sac à dos !

Si on ne compte pas les outils, l’entier de la fourniture peut être obtenue pour moins de 10 CHF.

Cet exercice vous permettra de vous familiariser avec le travail des thermoplastiques, en utilisant une matière première (les tubes en PVC) très bon marché. Vous pourrez ensuite aborder des thermoplastiques plus chers et plus précieux, comme le kydex, quand vous voudrez fabriquer des fourreaux plus complexes, pour vos hachettes ou vos scies, comme j’ai pu le faire à plusieurs occasions !

Allez à l’atelier et essayez !

Sylvestre Grünwald

Signature de Sylvestre

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