Chère Lectrice, cher Lecteur,
Depuis quelques années, je fais partie de la communauté MYOG…MYOG ? Make Your Own Gear !
Le principe ici est de fabriquer son propre matériel d’activités en extérieur, soit parce que ce qu’on ne trouve pas exactement ce qu’on cherche dans le commerce, soit pour des raisons financières, soit (et c’est principalement mon cas) pour le plaisir d’apprendre à faire, de concevoir, bricoler, coudre… puis tester ses propres créations.
Ça implique d’avoir quelques notions de couture, un peu de matériel pour mesurer, couper, percer, une machine à coudre et quelques autres outils.
Grâce aux compétences acquises ainsi, vous serez également à même de personnaliser ou de réparer facilement les vêtements ou le matériel achetés dans le commerce, prolongeant ainsi leur durée de vie.
Je vous parle dans cette lettre du matériel de base et des techniques utilisées.
J’aurai l’occasion dans d’autres lettres de vous présenter dans le détail plusieurs de mes créations, avec leur mode de fabrication, et présenterai également le matériel de manière plus précise.
L’origine du MYOG, et quelques définitions
On utiliser le terme MYOG (Make Your Own Gear), ou DIY (Do It Yourself), et éventuellement « Fait maison » en français (désolé pour les puristes de la langue française…MYOG ça sonne mieux !).
Le DIY ou « fait maison » peut s’appliquer à tout type de création, mais le terme MYOG s’applique plutôt spécifiquement au matériel outdoor, et notamment aux vêtements et abris.
La mouvance MYOG est aujourd’hui principalement associée au milieu de la randonnée ultralégère, où l’optique est de minimiser le poids du matériel de randonnée et de bivouac transporté pour soulager ses articulations et augmenter ses performances d’endurance.
On trouve également des personnes passionnées par le MYOG et le DIY dans les milieux survivalistes, ou l’optique est plutôt ici l’autonomie et la capacité à fabriquer et réparer son matériel. On peut même inclure dans le lot les médiévistes et les rôlistes, qui fabriquent des costumes et des accessoires en cuir parfois très élaborés.
Par extension, on pourrait inclure dans le DIY tout type de construction et « bricolage » plastique, bois et métal. Je vous ai par exemple déjà montré dans une autre lettre comment fabriquer un étui en plastique pour une lame de scie.
Dans cet article, je focaliserai principalement sur le MYOG et la fabrication ou l’assemblage de matériel outdoor, et notamment le textile.
Les techniques
Pour la création de vêtements, sacs ou accessoires textiles, il faut généralement commencer par mesurer, marquer et découper les pièces de tissus à assembler. Une règle, un ruban de couturière et des ciseaux peuvent faire l’affaire, mais le nec plus ultra c’est :
- le tapis de découpe
- le couteau rotatif
- la règle universelle


Les techniques d’assemblage permanents des textiles utilisées dans le MYOG sont principalement :
- la couture à la machine (ou à la main, mais c’est pénible !)
- le collage par adhésif (duct tape, adhésif Tyvek…)
- le collage à chaud (thermocollage)

Pour les techniques d’assemblages « amovibles » on peut citer :
- les fermetures éclair
- le velcro (à coudre ou à coller)
- les boutons-pressions (métal ou plastique, type KAM ou Prym)

On peut encore mentionner la pose d’accessoires, par exemple :
- les œillets et les rivets (à la pince ou à clouer)
- la pose de rubans
- les différents fermoirs (métalliques ou plastiques, type boucle clip)
- le travail des sangles (pour les fixations MOLLE)
Pour les thermoplastiques comme le Kydex, on va retrouver certaines techniques similaires :
- travail à chaud (pliage, formage)
- œillets et rivets
- visserie

Et le travail du cuir réunira un peu de tout :
- couture (à la machine pour le cuir fin, à la main avec un alène pour le cuir épais)
- œillets et rivets
- embossage et repoussage pour la décoration

Quelques mots sur la couture
La couture est malheureusement une activité très « genrée » (comme on dit aujourd’hui) dans la tête des gens. Quand j’étais à l’école, les petits garçons faisaient des cours de bricolage, et les petites filles des cours de couture.
Pour diverses raisons, j’ai eu la chance de ne pas tomber dans ce moule, et j’ai pu apprendre étant jeune à utiliser une machine à coudre.
J’ai donc la chance, étant adulte, de pouvoir utiliser ces connaissances en couture pour créer les objets dont j’ai besoin. C’est une compétence que je suis extrêmement fier de posséder, et que je vous encourage à acquérir !
Les techniques de couture et d’assemblage que j’utilise s’appliquent aussi bien à des tissus classiques qu’à des tissus techniques.
Si vous les connaissez, vous aurez ainsi la possibilité de réaliser à peu près n’importe quoi avec à peu près n’importe quel tissu, même en improvisant avec de la « récup ».
Ainsi, pendant mes vacances, j’ai pu réaliser coup sur coup des doudous pour mes enfants en recyclant un vieux t-shirt en mérinos tout troué, puis une pochette isotherme pour enrober ma popote, avec des chutes de tissus techniques récupérés d’un ancien projet (une tarp et un hamac pour ma fille) et une natte isolante pour pare-brise de voiture.
Je travaille également avec des matériaux neufs pour certaines de mes créations, et je vous donnerai quelques sites de références en fin de lettre.
Les tissus
Je ne parlerai pas en détail des tissus « classiques » type coton, lin ou nylon non traité. Je me concentrerai sur les tissus « techniques » qui sont polyvalents, performants et intéressants pour les activités en extérieur.
On recherche en général les qualités suivantes : légèreté, solidité, résistance, imperméabilité, respirabilité.
Le prix rentre également en compte, puisque les tissus techniques très modernes sont relativement chers.
On peut citer :
Le silnylon
C’est un tissu de nylon, imprégné de silicone pour le rendre étanche. Il est léger et respirant, et se compacte bien. On le trouve en variante ripstop, ce qui augmente sa résistance à la déchirure.

Il souffre de quelques défauts, notamment son élasticité, qui implique souvent de devoir retendre l’abri après quelques dizaines de minutes. Il est imperméable, mais colle facilement aux habits et à la peau quand il est humide. Il se coud relativement facilement, même si sa finesse et son côté glissant nécessitent quelques précautions. En outre, à long terme il résiste mal aux UV.
Il est relativement bon marché par rapport aux autres tissus techniques décrits ci-dessous. Pour moi c’est le tissu par défaut pour le matériel ultra-léger que j’achète ou que je fabrique moi-même.
Le silpoly
C’est un tissu de polyester, imprégné de silicone (et parfois de polyuréthane). Il est étanche est respirant. On le trouve également en version ripstop.

Il présente des avantages par rapport au silnylon : il est moins élastique et résiste mieux aux UV. Les silpoly de nouvelle génération sont également plus résistants à la déchirure que le silnylon (ce qui n’était pas le cas avant, apparemment).
Le DCF
Je vous ai parlé des cordelettes Dyneema dans une autre lettre. La même fibre peut être assemblée en tissu, pour former du Dyneema Cuben Fiber (DCF). Le tissage en UHMWPE sera généralement recouvert d’un film en polyester pour augmenter sa durabilité On retrouve dans ce tissu les qualités exceptionnelles de la fibre Dyneema, mais à des prix bien plus élevés que le silnylon.
Ce tissu sera réservé pour des applications très spéciales, notamment si le poids est le critère principal que vous recherchez.

Le Tyvek
Le tyvek n’est pas à proprement parler un tissu, mais plutôt un matériau de construction. Il est utilisé comme barrière d’étanchéité dans les bâtiments. Mais il sert aussi pour les combinaisons de protection, les bracelets de poignet pour les festivals ou dans le médical. Il est léger, respirant, imperméable, et très résistant à la déchirure, bien qu’il ressemble à du simple papier.
Il peut être utilisé pour fabriquer des embases de tente ou de bivouac, des abris de secours ultraléger…ou des portemonnaies minimalistes !
Le Cordura
Il s’agit d’un nylon renforcé, qui présente une très bonne résistance à l’usure, sans chercher forcément des performances au niveau du poids. Il est énormément utilisé dans les vêtements professionnels, les vêtements tactiques et militaires, ainsi que les sacs à dos.

- Les tissus « chauds » comme la polaire (polyester), la softshell (tissu laminaire avec une couche densément tissée et une couche douce) ou le néoprène (un caoutchouc contenant des microbulles)



Fourrure polaire, softshell et néoprène – source extremetextil.de
- Les spécialités, comme le tissu pour moustiquaire ou le mesh 3D
- Les garnitures d’isolation naturelles, comme le duvet, la laine ou les garnitures synthétiques comme l’Apex ou le Primaloft


Garniture Climashield Apex, et garniture en laine Lavalan – source extremtextil.de
Mes sites de référence
Pour les tissus et le matériel d’assemblage, il y un site absolument incontournable, sur lequel j’ai pris pratiquement toutes les illustrations de cet article, et chez qui je commande très souvent :
Comme alternative, un site en Slovénie
Il n’y a apparemment aucuns sites équivalents en Suisse ou en France. Les sites de mercerie et de tissus « classiques » sont à des kilomètres du choix et de la qualité des produits proposés par les deux sites ci-dessus ! Un seul site suisse sort un peu du lot, toutefois :
Pour le matériel de fabrication d’étui et de travail du cuir ou du kydex, je commande fréquemment chez :
Pour des références et des idées, Youtube est une mine d’or (mot-clé MYOG), et le subreddit r/myog également.
Des forums comme www.randonner-leger.org ou www.backpackinglight.com.
Certains fabricants « artisanaux » proposent des tutos de qualité ou des patrons pour leurs modèles, parfois payants, parfois gratuits.
Voici un bref aperçu des techniques et matériaux à votre disposition pour fabriquer votre propre équipement. L’exercice est parfois difficile, mais extrêmement gratifiant quand vous achevez un vêtement ou un objet, et que vous pourrez le portez fièrement !
De plus, les compétences et connaissances que vous acquerrez en pratiquant ce loisir pourront vous être très utiles dans un contexte dégradé, où vous pourrez réparer, improviser ou fabriquer ce qu’il vous manque à partir de matériaux recyclés.
On trouve sur internet de milliers de tutoriels et des références sur les forums, et je vous encourage vraiment à tester le MYOG ou le DIY !
A vos outils, et essayez !
Sylvestre Grünwald
