Fabriquer soi-même un cozy – Etape 2

Chère Lectrice, cher Lecteur,

Vous vous souvenez de ma chronique d’introduction au MYOG, le « make your own gear » ? Je vous avais parlé des méthodes d’assemblage et des matériaux disponibles.

Aujourd’hui, je vous parle d’une de mes réalisations en couture : le cozy (prononcez « kozi ») !

Dans la première partie, je vous ai expliqué à quoi ça servait, et comment fabriquer la base. Dans cette deuxième étape, je vais aborder les finitions, et vous donnerai un retour d’expérience après plusieurs bivouacs.

Comment finir proprement le cozy ?

Le choix de la fermeture

Pour clore la pochette sur le sachet de nourriture lyophilisée et conserver la chaleur du repas pendant qu’il se réhydrate, il faudra intégrer dans la pochette un moyen de la fermer. Vous pouvez par exemple utiliser du velcro, ou des boutons-pressions.

Selon votre choix, il faudra peut-être coudre ces éléments plus tôt dans l’étape 2. 

Pour mon projet, j’ai choisi des pressions de type « Kam » ou « Prym ». Je peux les intégrer dans le tissu après avoir formé la pochette, et ajuster leur position au plus juste.

Les pressions Kam ou Prym

Les pressions type Kam ou Prym sont des boutons-pressions en plastique, qui remplacent les pressions traditionnelles en métal. Elles s’installent facilement avec une pince adaptée.

Chaque côté (mâle et femelle) de la pression se composent de deux éléments : un élément large et plat avec une petite pointe au milieu (identique pour mâle et femelle), et un élément plus petit avec un creux (femelle) ou une bosse (mâle).

Pression schemat

La pince permet d’écraser la petite pointe en plastique avec suffisamment de force pour qu’elle se déforme, et agissent comme un rivet en assemblant l’élément large, le tissu et l’élément mâle ou femelle.

Elles ont l’avantage d’être légères et faciles à installer, et disponibles en de très nombreux coloris. En cas d’erreur, il est relativement facile de casser la pointe aplatie pour les retirer (on remplacera alors l’élément large avec un neuf).

Pression element

Leurs désavantages est la limite d’épaisseur de tissu qu’il est possible d’assembler (pas très épais), et le fait que l’élément large est le même pour le côté femelle et le côté mâle. On risque donc de retrouver un élément assez gros à l’intérieur de l’objet ou du vêtement à créer, ce qui peut être inconfortable.

Reprendre à la suite de l’étape 1

Nous en sommes restés, à la dernière phase de l’étape 1, à avoir retroussé notre montage pour former la pochette. Toutes les couches étaient au bon endroit :

  • la garniture intérieure, avec son endroit donnant dans la pochette
  • la couche extérieure en Cordura, avec son endroit formant l’extérieur de la pochette
  • la couche isolante, en sandwich entre les deux

Nous pouvons donc maintenant passer à la mise en place des pressions

 

Percer le tissu

Pour un projet avec des tissus fins, ou à tissage lâche, on peut simplement enfoncer la petite pointe de la pression dans le tissu pour le percer.

Ici, avec le cozy, nous avons trois épaisseurs successives de tissu technique robuste. Impossible donc de passer à travers sans un peu d’aide.

Pour former le trou, j’utilise donc une pince à perforer, en la réglant sur le plus petit diamètre possible.

Après avoir choisi à l’œil le bon emplacement, et marqué celui-ci au crayon, je perce à travers les trois épaisseurs.

percement epessaur pression
Percement des trois épaisseurs pour fixer les pressions

Fixer les pressions

A cette étape du projet, je me suis rendu compte que ces trois tissus étaient vraiment très épais, et j’ai dû « finasser » pour réussir à fixer les pressions correctement !

Vous vous souvenez de l’ouverture d’environ 6cm par laquelle nous avons pu extraire l’assemblage cordura/couche isolante ? 

A ce stade nous ne l’avons pas encore refermée, et il est donc encore possible de retrousser la pochette à notre guise.

Cet avantage va nous permettre d’enlever un peu de matière à l’emplacement des pressions, pour diminuer l’épaisseur total de tissu à pincer entre les pressions. 

(Parenthèse : je n’avais pas du tout prévu d’être confronté à ce problème, et j’ai dû réfléchir un moment à comment le résoudre…l’improvisation et les changements de direction font parties intégrantes du MYOG !)

découpe interieur
Découpe d’une partie de la garniture intérieure pour diminuer l’épaisseur de tissu à assembler

Ceci fait, nous pouvons maintenant fixer toutes les pressions avec la pince à sertir. C’est une pince multifonction, dont on peut adapter les embouts en fonctions du type de pressions à installer. Pour les pressions Kam, les embouts sont en plastique.

installation pression 1
installation pression 2
Installations des trois paires de pressions Kam

Refermer la poche

Nous pouvons maintenant fermer définitivement la petite ouverture qui nous permettait de retrousser la pochette. Il faut coudre le plus près du bord possible.

refermer poche

Le cozy à l’usage

Une pochette versatile

J’ai conçu ce cozy pour pouvoir y mettre aussi bien ma popotte que des sachets de nourriture lyophilisée. On voit sur les photos ci-dessous les différentes configurations possibles : 

  • Popotte avec cozy fermé (pour garder au chaud)
cosy fermé popote
  • Popotte avec cozy ouvert (si je mangeais dans la popotte)
cosy ouvert popotte
  • Sachet lyophilisé vertical
sachet vertical
  • Sachet lyophilisé horizontal
sachet horizontal

Forces et faiblesses

Le cozy joue très bien son rôle pour garder au chaud la nourriture pendant qu’elle « tire », que ce soit un repas lyophilisé du commerce dans son sachet refermable, un repas fait-maison à réhydrater ou mon porridge du matin. Même quinze minutes après, la nourriture reste agréablement chaude. En fait elle est juste à la bonne température pour être mangée sans se brûler. 

Les pressions Kam permettent de fermer le cozy sur la nourriture, et éviter ainsi les pertes de chaleur. Le cozy étant plat, il se range très facilement dans le dos du sac.

cosy neige
Même dans la neige, le cozy permet de tenir au chaud son repas pendant quelques dizaines de minutes

Le défaut principal qui s’est révélé à l’usage est le suivant : j’utilise des bols pliables (qui eux aussi se rangent bien à plat dans le dos du sac), et le plastique dont ils sont faits est relativement souple. Quand je les dépose dans le cozy pour laisser reposer la nourriture, ils ont tendance à être comprimés et il m’est arrivé deux ou trois fois de renverser un peu de nourriture au fond du cozy. Heureusement, cela ne prête pas trop à conséquence, puisque le tissu de la garniture interne est imperméable, et que l’on peut retrousser complètement la pochette pour la nettoyer et la faire sécher. 

Ce défaut est exacerbé par le manque de stabilité du cozy (vu sa forme, il n’a pas de fond plat). Une fois le bol déposé dans le cozy, et les pressions refermées, je dois m’assurer que celui-ci est bien calé et éviter de trop le remuer ou de taper dedans par inadvertance.

Une manière simple de remédier à ce défaut serait d’utiliser un contenant en plastique refermable (type tupperware) à la place du bol pliable. Ainsi, une fois le couvercle mis en place, il n’y aurait aucun risque d’éclaboussures !

Ce que je modifierais pour le prochain cozy que je couds

Le jour où je refais un cozy, j’apporterais les modifications suivantes :

  • Taille : un poil plus grand serait mieux, 1 à 2 cm plus long et plus large

Tissu externe : le Cordura utilisé pour le premier est extrêmement robuste…peut-être un peu trop ? Un tissu un peu plus fin et un peu plus léger suffirait.

Autres variantes possibles

Vous trouverez facilement sur internet d’autres variantes de fabrication du cozy. Certaines sont des assemblages extrêmement simples, ne nécessitant que du tissu isolant et du duct-tape ou de l’adhésif aluminé.

cosy cylindre
Cozy pour une popote cylindrique – source backpackinglight.com
cozy zip
Cozy pour sachets ziploc – source sectionhiker.com

Elles sont certainement bien plus faciles et rapides à fabriquer que ma création, mais je doute fortement de leur durabilité, et de leur compacité, et de leur versatilité (et elles sont moches) !

Voilà pour cette deuxième partie de la fabrication du cozy. 

Vous l’aurez compris, je suis particulièrement fier et satisfait de ma conception, que j’ai pu tester et apprécier à plusieurs reprises en bivouac, y compris en plein hiver.

Je vous encourage à réfléchir de votre côté à un modèle adapté à vos besoins (même plus simple), et à vous lancer dans sa fabrication, en vous inspirant du mien !

 

A votre machine à coudre, et essayez !

 

Sylvestre Grünwald

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